Gatsby le magnifique par Olivier Paturaud
Au début du film, Tobey Maguire écarte les voiles géants de rideaux blancs agités par le vent (dans un effet 3D sublime) pour accéder au sofa où repose sa cousine, Carey Mulligan. Pendant tout le film, Baz Lurhmann n'aura de cesse lui aussi de se dépouiller de ses tics un peu tocs (montage clipé, hystérique) pour creuser un récit d'une grande mélancolie qui met à nu les désillusions des protagonistes de cette nouvelle adaptation de Gatsby le Magnifique de F.S. Fitzgerald.
La version de Clayton avec Redford dans les années 1970 n'était qu'un véhicule à la gloire de la star Redford (et de Ralph Lauren dans une moindre mesure), Lurhmann réussit le pari de respecter à la lettre le texte du roman et de lui associer sa démesure visuelle. La forme du réalisateur australien, au début très bariolée et vivante (effets numériques incroyables pour mettre en image le New York des années 1920) est en effet le décor parfait pour faire le récit de l'amour impossible entre un nouveau riche et son ancienne promise. La fête n'est qu'une illusion qui dissimule l'immense solitude de Gatsby ; au fil de l'histoire, Lurhmann dépouille sa mise en scène pour rendre compte du tragique de cette histoire (les travellings qui séparent les 2 villas...) et propose une esthétique, malgré les effets 3D, beaucoup plus gracieuse que dans ces précédentes réalisations. A la fin de la projection, la vie de Gatsby, n'aura reposé que sur des chimères. Lurhmann réussit à merveille à mettre en images le désespoir profond de ce destin.