Et bien voilà, on y croyait, et le résultat n'est pas là. Point qui n'est pas raté, l'esthétique du film, soignée et lisse, reposante pour l'oeil sans toutefois convaincre d'être au niveau d'un lieu aussi prestigieux que l'Elysée. Bien sûr, le script contient plusieurs idées fortes, notamment ce coup de génie d'avoir placé Katerine dans le rôle de Hollande, qui pousse la chansonnette kitsch dès qu'il se doit d'improviser. C'était lui l'argument comique magistral du film, et on ne le verra au final qu'une vingtaine de minutes (c'est mon joker suicide squad).


Tout le reste du film est phagocyté par les consultants du pouvoir, supervisés par un premier ministre clairement plus bienveillant que Manuel Valls. En réaction à l'impopularité du président, ils sont tous choisis sur un facteur aléatoire et vont y aller de leur suggestion pour améliorer l'image du Président. La porte est donc ouverte à tous les trucs randoms, et l'on était curieux de voir ce qui pouvait arriver. Le film déserte alors presque immédiatement le terrain politique, et se lance dans du storytelling, autrement dit une fiction scénarisée mettant en scène le président dont on pourra contrôler le déroulement, en l'exposant progressivement à la population façon télé-réalité. Si les plus intellectuels d'entre nous se répandront en analyse des liens politiques-média-fiction, on est quand même obligé de se rendre compte qu'on n'est alors plus dans une politique-fiction, ou dans une comédie politique, mais tout simplement dans une comédie absurde qui essaye des trucs what the fuck, constamment basée sur le décalage entre la solennité des circonstances et le résultat piteux d'une telle entreprise. Même sur l'excellente idée de mettre un ordinateur à la tête du gouvernement, le résultat (qui se fait attendre) est d'une platitude rare. Il consistera finalement à dire que le pays est foutu et qu'il faut lancer une campagne majeure d'austérité, sans plus entrer dans les détails. En revanche, il ne se gênera pas pour étaler les gags absurdes du baptême de l'équipe avec des noms de gâteau, d'un charabia basé sur des unités de jambons... Rassurez vous, pas besoin d'être doué en politique, ce n'est pas compliqué à comprendre. Seulement, on ne venait pas là pour voir des gags absurdes niveau canal +.


On en arrive donc au constat qui fait tâche, car c'est un objet qui se vendait politique et qui au final trahit ses ambitions, puisqu'il se délocalise dans l'absurde classique en se déconnectant des enjeux réels. On pourrait encore une fois l'excuser en parlant de la déconnexion entre les dirigeants et le monde réel, mais le monde réel a tendance à se manifester, ce qui n'est aucunement le cas ici. C'est finalement une comédie sans grande ampleur, qui au chaos politique préfère s'en tenir à quelques symboles, certes attachants (Katerine encore une fois), mais bien peu en comparaison des promesses d'un tel sujet.

Voracinéphile
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le 6 mars 2017

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