Forêt Noire
S'il est assez rare d'être surpris par une comédie celle-ci y parvient avec un son délire absurde poussé à son paroxysme. Je ne saurais même pas dire à quel autre film il pourrait bien ressembler...
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le 10 avr. 2017
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L'interrogation concernant le titre est relativement première, dès que l'on a compris qu'il ne s'agissait pas là d'un documentaire sur l'entreprise Gaz de France. Le générique initial apporte un début de réponse, en vaporisant, sur fond d'un ciel bleu comme les yeux de Philippe Katerine que l'on a vu apparaître en Président, des volutes blanches qui emplissent l'écran en s'enroulant voluptueusement. Il sera donc question d'air, d'ambiance de France, comme les petites boîtes touristiques porteuses de l'inscription "Air de Paris", "Air de...". Et comme l'entourage présidentiel est d'emblée présent, on sait que l'action se jouera dans des éthers éminemment élevés, au contact du centre décisionnaire du gouvernement français.
Ces bases nébuleuses étant posées, annonçant clairement l'entreprise d'enfumage, la comédie peut commencer et Benoît Forgeart peut se lancer dans le récit très inspiré de la tentative de sauvetage d'un Président falot par une cellule de crise constituée de conseillers guère plus brillants. On a pourtant le plaisir d'y retrouver toute l'élégance et le raffinement de Philippe Laudenbach, grand compagnon sur les planches du regretté Laurent Terzieff et incarnant ici un spécialiste de contes ethniques parachuté dans cette équipe. Équipe elle-même emmenée par le seul cerveau en bon état de marche, superbement et ténébreusement porté par Olivier Rabourdin, en M. Battement dont les actions et les tentatives battent malheureusement dans le vide.
Les actes et les événements les plus délirants s'enchaînent sous nos yeux, enchâssés dans des dialogues magnifiques écrits au cordeau, illustrant une créativité folle, totalement débridée, qui transporte le spectateur dans un état de jubilation extrême. Mais cette jubilation ne peut sauver le public du pincement de sa conscience, qui lui fait percevoir le côté malheureusement réaliste, parfois, de certains de ces traits qu'on voudrait n'être que de comédie. La joie se fond alors en désespoir et c'est dans cet état, tout à la fois profondément réjoui et conjointement inquiet, que l'on voit se refermer la boîte magique dont le film a levé le couvercle.
Rarement comédie aura été porteuse de tant de créativité et portée elle-même par une réflexion si profonde. On songe à l'effet des grands romans d'anticipation, 1984, Fahrenheit 451, et à l'éclairage ultra lucide qu'ils projettent sur notre société actuelle.
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le 12 févr. 2016
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