Les ombres
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Suffit-il qu'un film soit sentimentalement riche, bercé par une ambiance mélancolique et habité par des spectres en devenir pour qu'il soit considéré bon, voire un chef d’œuvre? Et si en outre son réalisateur en fait son testament cinématographique, doublé d'une réflexion sur la mort et la vanité de la vie, doit-on aveuglement s'incliner et faire des grimaces de componction devant une telle pierre tombale?
Osons répondre: non. Non pas à cause d'une sotte insolence ni d'un manque de compassion, mais plutôt en raison d'un assez grand sentiment d'ennui provoqué par la majeure partie du film, dans son ensemble plutôt vide, creux, se faisant interminablement attendre pour ne mener quelque part que lors de son dernier souffle, trop conventionnel dans son discours et pas assez direct ou acerbe dans sa critique alors qu'il convenait d'affronter cette société superficielle et double de plein fouet (non pas aussi crûment que l'aurait fait Vinteberg dans Festen, mais avec un vrai conflit pour ce film si proche dans sa mise en scène du théâtre) et éviter tout cette morne et poussiéreuse bienséance dont on se doute bien de la fausseté sans toutefois en avoir le cœur net (jusqu'à la fin, révélatrice) tant Huston par sa froideur cadavérique imite en fin de compte ces convives.
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le 23 juin 2019
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