‘Gentlemen Broncos’ est un patchwork improbable rassemblant personnages loufoques, science-fiction kitsch, et drame attendrissant.
Le scénario est loin d’être exceptionnel, mais la force de l’œuvre, c’est probablement ses personnages. Le réalisateur Jared Hess a su trouver un équilibre étonnant entre des traits de caractères surréalistes et une humanité touchante : l’écrivain à la gloire passée enfermé dans le rôle de gourou qu’il s’est façonné, l’adolescent rêveur qui passe de désillusion en désillusion, la mère aimante un peu gourde, l’accompagnateur aussi paumé que le jeune dont il a la charge, etc. Malgré leurs excentricités, on s’attache à cette galerie de portraits et le film porte un regard véritablement bienveillant sur leurs passions, aussi folles et ridicules puissent-elles paraître. On appréciera d’ailleurs la prestation très réussie de Michael Angarano, mais tout le casting se débrouille bien.
Cet équilibre entre réalisme et divagation se retrouve dans la mise en scène. Passé un génial générique d’ouverture qu’on aurait pu attribuer à Wes Anderson, le film alterne entre réalisation léchée et amateurisme. Lors des incursions dans l’imaginaire délirant du récit écrit par Benjamin, la réalisation y est délibérément kitsch, tandis que la séquence de travellings sur « Wind of change » est sublime. Mais le mauvais goût occasionnel de ‘Gentlemen Broncos’ se prête au propos : le résultat respire la spontanéité, et en est presque jubilatoire. C’est peut-être lors d’une scène de baiser mémorable après la projection des vidéos amateurs de Tabatha que le film parvient à réconcilier ces deux facettes.
A cela s’ajoute encore une bande-originale parfaite avec notamment « In the Year 2525 » en thème principal pertinent.
Une œuvre mineure, mais à l’originalité loufoque bienvenue.