... ou la lâcheté d'un milieu artistique

De "l'affaire Depardieu", pourtant omniprésente dans les médias et sur les réseaux, je n'étais au courant que des diverses plaintes pour viol et agressions sexuelles et je n'avais découvert qu'un court extrait du séjour en Corée du Nord où l'acteur sexualise une fillette et répète inlassablement des propos graveleux à l'égard des jeunes femmes qu'il croise. Je souhaitais donc visionner cette Chute De L'Ogre dans son intégralité pour me faire ma propre idée.

Documentaire pleinement à charge malgré la vaine invitation offerte à l'acteur pour y participer, Complément D'Enquête brasse ici beaucoup de vent face à une affaire qui concerne essentiellement la Justice. S'il est prouvé que Depardieu a bel et bien violé des jeunes femmes, ce n'est certainement pas à la vindicte populaire d'en faire état, mais seulement à l'idéal philosophique que représente la Justice. En tant que femme républicaine, j'ai la liberté de croire en la présomption d'innocence. Tout comme je possède le droit de croire à la Justice d'un pays censé être démocratique. Que Gérard Depardieu soit un "monstre sacré" du cinéma français ou pas, il reste égal à qui que ce soit face à la Loi. S'il est coupable, il doit impérativement payer. Les malheureuses victimes, elles, auront peut-être ainsi la possibilité de préserver un tant soit peu leur dignité. Ce qui n'est pas rien.

Finalement, ce qui reste intéressant à souligner dans cette affaire, c'est la malsaine omerta du milieu du cinéma français envers les agissements aussi stupides que graveleux de Depardieu. Le célèbre "bah, c'est Gérard" quand une jeune femme de 20 ans témoigne à une équipe de tournage que la grosse main de l'acteur s'est glissée dans sa culotte. Et les humiliants éclats de rire qui vont avec.

À l'instar de la sordide affaire Weinstein, où le tout Hollywood savait mais fermait inlassablement les yeux, l'affaire Depardieu reste d'une hypocrisie aussi nuisible que dégueulasse au sein du cercle du cinéma hexagonal. Car, finalement, ce sont les hauts responsables (producteurs, réalisateurs, collègues acteurs, etc.) qui sont indubitablement complices des humiliations graveleuses de l'acteur. Le sexisme (bon enfant ou pas) étant quasiment omniprésent chez les quinquas et plus, il est très facile aujourd'hui pour eux de décréter que la société a changé et que l'on ne peut plus rien dire. Ce qui est faux si l'on se plonge dans les univers d'une multitude de jeunes humoristes contemporains qui osent justement TOUT dire. Que ce soit dans les années 40, 60 ou 80, humilier des jeunes femmes sans défense était aussi infect qu'aujourd'hui. Rien n'a changé en ce sens et la défense de certains quinquas n'est absolument pas recevable. De même que le silence public quant à ces méfaits extrêmement humiliants. Aujourd'hui, des jeunes femmes dépassent leur peur et s'expriment, parfois en fonçant malheureusement droit dans le mur, mais elles osent enfin. Respect éternel à elles ! Car ce n'est que du positif pour l'avancée de notre société. Qu'untel soit bankable et rapporte une quantité industrielle d'€ à une entreprise ne lui donne aucunement le droit de profiter de la faiblesse des plus jeunes. C'est tout bonnement lâche et vil.

Il en est de même sur les réseaux où les agressions sexistes, certes virtuelles mais néanmoins extrêmement violentes, restent l'apogée d'un phallocentrisme roi. J'en ai moi-même fais les frais il y a 2 ans sur un simple forum de cinéma où la plupart des membres sont à 99,9 % masculins et quinquagénaires. J'y ai été pourtant chaleureusement accueillie avant d'être rapidement confrontée à une forme d'agression répétitive et lourde de sens en tant que jeune femme. Une agression qui a fini par être extrêmement insultante où les mots "pute" et autre "dirty kitty" vociférés par un seul membre ont fini par salement éclabousser ma sensibilité. J'ai eu énormément de soutien de la part d'autres forumeurs, mais en messages privés seulement. Bien peu ont exprimé leurs sentiments ou émotions en public. Comme si la peur (ou la lâcheté, c'est selon) leur interdisait d'exprimer publiquement ce qu'ils me dévoilaient en privé. Les 3 modérateurs du forum, eux, ne m'ont jamais offert gain de cause (à leurs yeux, insulter régulièrement une jeune femme, ça va, c'est pas grave) et la situation a fini par se retourner contre moi. Je me suis donc retrouvée seule, injuriée et humiliée, contre les responsables du forum et l'agresseur qui jubilait en silence. Ce petit épisode dramatique s'est vu relayé par des féministes sur le réseau Twitter qui s'en sont malheureusement prises au patriarcat en évitant d'aborder le fond du véritable problème qui concernait plutôt un sexisme suranné doublé d'une misérable frustration sexuelle dont est sensiblement victime une minorité des membres de ce forum. Une simple anecdote personnelle qui s'est déroulée durant l'été 2022 via le site DVDClassik. Hier, quoi.

Bref, pour en revenir à l'affaire Depardieu et cette fameuse Chute De L'Ogre, c'est donc surtout le pleutre et le misérable silence d'un milieu artistique qui est censé vendre du rêve à ses spectateurs qui me choque le plus. Pas les propos graveleux d'un célèbre acteur devenu incontestablement débile à force de se croire au-dessus des autres de par son statut de monstre sacré aux pieds d'argile. La lâcheté de tout un milieu qui se gausse en étant témoin des humiliations que subissent les plus faibles est à mon avis aussi abjecte que répugnante. C'est certainement le seul intérêt de ce portrait trop à charge pour être honnête...

Quant aux viols et autres agressions sexuelles, si cela s'avère malheureusement réel, la Justice aura incontestablement le dernier mot.