C'est pas mauvais, non ; non ça reste correct.
Je ne vais pas jouer à la comparaison avec le roman, ça n'aurait aucun sens. Le roman demande plus de 20h de lecture, le film tient en 2:40. Forcément, des thèmes ont dû être occultés, comme par exemple la fête du slip dans tous les coins de champs, de tous les ados du corron.
En revanche, où est passée la famine ? Où sont passés les repas de vent, la vente des biens, les pissenlits ?
C'est terrible, comme oubli ; parce que du moment que la famine n'apparaît plus, on ne voit les mineurs s'énerver que par revendication salariale, voire même par simple haine du bourgeois. Cette pure nécessité absolue qu'est manger n'est alors plus imputable aux patrons, dont l'infamie est alors bien diminuée. Ils restent des profiteurs, mais ne sont pas des affameurs.
Le propos général semble par conséquent bien diminué.
Quelques choix de mise en scène semblent approximatifs, quelques acteurs ne sont pas dirigés au mieux...
Mais le plus dommageable, c'est l'affadissement des merveilleuses visions de Zola. Certes, cet auteur a fondé le naturalisme ; mais ses romans sont jalonnés d'images fantastiques -- au sens littéraire du terme, des images évoquant le surnaturel. Ces images servent à peindre la grande impression que peuvent faire sur les personnages tel bâtiment, tel événement ; elles offrent également des tableaux puissants, frappants, au lecteur. Déshabiller toute l'œuvre de Zola de ces fulgurances hallucinatoires, c'est se priver des scènes de cinéma qu'il présentait sur un plateau d'argent. C'est faire un cinéma sans images. Un détail tout bête : le cheval Bataille, affolé, débouchant dans le couloir comme des trombes d'eau, comme un coup de tonnerre. À la place, on a ce pauvre cheval debout dans l'eau qui attend.
Bref, une demi-réussite, par manque d'audace dans les images et dans la façon d'empoigner les thèmes. C'est dommage, parce que j'aimais beaucoup le casting.