L'adaptation du roman d'Émile Zola: "L'assommoir" raconté du point de vue du personnage de Gervaise, blanchisseuse parisienne au XIXe siècle.
L'intérêt d'une adaptation d'une œuvre littéraire réside dans un certain parti pris en ne suivant pas nécessairement à la lettre la narration originale. Puisqu'il est impossible de condenser en deux heures les péripéties des personnages de l'Assommoir, René Clément prend quelques liberté pour se focaliser sur une peinture sociale sans complaisance du peuple ouvrier parisien.
Le lecteur de l'œuvre de Zola appréciera la mise en image de scènes clés particulièrement réussies: la scène de la chute de Coupeau, la scène de la fessée, et la scène du déjeuner. Si Gervaise est victime de la société de son époque, elle est aussi l'artisane de son propre malheur. Elle recherche le bonheur pour elle même, ses enfants, son mari Coupeau, mais c'est sans compter sur ses conjoints égoïstes qui s'entendront pour profiter de ses faiblesses. Gervaise est en effet une victime de la pression sociale, mise en évidence par la complicité de la foule pendant les scènes tragiques au lavoir ou au bistrot. Cette pression sociale à laquelle, elle est si sensible (elle a eu en enfant avec le plus bel homme du quartier, il faut absolument éviter l'hôpital, il faut montrer qu'on peut inviter les amis du quartier). Il faut toute une organisation sociale pour faire ressortir les mauvais penchants des uns et des autres et ainsi organiser le naufrage de Gervaise dans ce Paris de Napoléon III.