I told you so
Bon, pour ceux qui n'ont pas vu le film, passez votre chemin. Ce qui m'a attiré de prime abord, c'est le "genre : horreur" annoncé par la com sur la toile couplée au pitch: "Chris est noir. Chris...
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le 22 mai 2017
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Mais ma foi, qu’il est sympatouille ce petit film ! Alors après attention : je ne veux pas vous vendre du rêve non plus ! Au fond « Get Out » est un film qui utilise une structure très classique et qui, à l’arrivée, ne donne pas l’impression d’avoir apporté grand-chose au genre. Mais bon, moi j’ai trouvé ça tellement efficace et malin ! Ce n’est pas compliqué : il y a bien longtemps qu’un film n’avait pas su m’emmener dans son petit jeu au point que je me laisse totalement happé par son intrigue. Or, pour le coup, si ce film a si bien marché sur moi, je pense que c’est surtout parce qu’il a su clairement me prendre dans le sens du poil. Moi j’aime bien les thrillers qui savent rester dans la mesure ; qui n’en font pas trop ; et qui n’oublient pas de raconter une histoire. Et là, ce film, je trouve qu’on est justement dans ça. L’amorce est d’ailleurs, je trouve, particulièrement bien foutue. On nous pose tout de suite une situation claire ; l’enjeu et très vite fixé ; quant aux premières péripéties, elles arrivent assez vite. Et de partir comme ça d’une situation plutôt normale, de nous faire entrer dans cette intrigue via un personnage qui essaye de lutter contre une forme de parano, tout en sachant glisser ça et là quelques petits détails troublants (à chaque fois appuyés par l’image et la musique, mais sans trop en faire non plus), je trouve ça particulièrement efficace. C’est d’ailleurs sûrement ce détail qui, pour moi, fait toute la différence : dans la plupart des thrillers on voit venir le danger à cent mille kilomètres et on se désespère de la stupidité du personnage principal. Là, si danger il y a, on pense qu’il est tout autre de ce qu’il est en fait vraiment, et du coup on comprend mieux la balance qui s’opère chez le héros. Surtout que le film sait habilement répondre à chacune de nos réactions. A chaque détail douteux, une réponse rassurante est apportée, jusqu’à ce qu’un détail supplémentaire vienne casser à nouveau cette sérénité. L’air de rien, moi je me suis vraiment laisser prendre tout doucement. Les détails nécessaires à la construction de l’intrigue sont toujours habilement amenés au spectateur, sans qu’on se doute vraiment de l’importance qu’ils auront plus tard
(La photo de famille pour commencer, l'annonce de l'arrivée prochaine du frère, le métier de chacun, le sous-sol bloqué, les dons d’hypnotiseuses de la mère, etc…)
Alors après, on pourra toujours redire au fait que l’intrigue bascule dans quelque-chose d’un peu loufoque, mais moi, pour ma part, c’est aussi ça que j’ai apprécié. Pour moi le film tisse ce contrat assez rapidement avec nous. A partir du moment où...
...on nous parle d’hypnose et où on voit que [spoiler]les serviteurs de la maison ne sont pas très clairs dans leur attitude...
...je considère que le film a su faire le travail de préparation. Et franchement, moi je trouve que c’est aussi l’une des grandes forces de ce film : la légère loufoquerie de son intrigue. Parce qu’au fond, c’est parce je sentais que le film allait s’autoriser des choses en termes d’intrigue que je suis resté tout ce temps dans cette posture d’incertitude que j’adore. Après tout, la forme (et notamment l’écriture) savait afficher sa solidité et sa cohérence de bout en bout, se montrant même particulièrement intelligente dans sa manière de cheminer. L’air de rien, ce « Get Out » sait jouer de ses propres codes (de ses symbolismes aussi) ; il s’en amuse même parfois en se moquant de lui-même, et surtout il est loin de perdre de vue le propos initial sur lequel il s’était lancé.
Parce qu’au fond, grâce à son dispositif, le film est parvenu à retranscrire l’état d’esprit de paranoïa permanente que peut vivre une personne stigmatisé dans sa société ; celui-ci devant s’interroger en permanence s’il sur-réagit ou pas à un détail ou à un propos qui le choque. De même, cette manière qu’a cette famille Armitage de recomposer la discrimination envers les Noirs, ça apporte une regard décalé sur la question du racisme contemporain qui, moi, m’a amusé.
Bref – oui je le redis mais parce que je trouve que c’est le qualificatif qui lui correspond le mieux – ce film je l’ai vraiment trouvé sympathique. Il n’en fait pas trop. Et cerise sur le gâteau, il a en plus eu l’intelligence de conclure par une belle fin...
(une fin bien défouloir et finalement dépourvue de pathos. Les méchants prennent cher dans leur face. Le héros s’en sort indemne. Il n’est pas sanctionné par ses faiblesses, au contraire, cela lui permet de finir le job. Son pote le sauve à la fin alors que ça aurait pu être un flic blanc raciste qui l’abatte parce qu’il agressait une pauvre Blanche. En somme, l’idée est posée, mais le film préfère le choix de la Happy End. Pour moi c’est parfait et totalement avec l’état d’esprit global du film. Une fin tragique, ça aurait tout plombé. On aurait perdu le côté léger. Ça aurait fait « film qui veut marquer les esprits / qui se prend trop au sérieux ». Pour le coup ça aurait été totalement inadapté donc, encore une fois : bon choix. Vraiment un sans faute de mon point de vue.
En somme, un bon petit film qui, sans rien inventer, fait le boulot comme il le faut. Bravo.
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Créée
le 17 sept. 2017
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10 j'aime
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