Don't get out !

Get Out nous plonge dans la vie du jeune photographe afro-américain Chris qui doit passer le week-end chez la famille de sa petite amie Rose afin de faire leur connaissance. Alors qu'il fut bien accueilli au départ, une certaine tension va le pousser dans un premier temps à croire que sa couleur de peau est le problème. Mais très vite, une série d'événement couplé à des attitudes plus qu'étrange de cette famille et des employés de maison vont montrer à Chris que l'inimaginable est sur le point de lui arriver.

Dit comme ça, le scenario paraît des plus simpliste et pourtant Get Out a bien plus à vous offrir. Il faut dire que classer ce film dans un seul style est quasi impossible tant il alterne entre le style horrifique, fantastique, humoristique, thriller paranoïaque, slasher, et sociologique. Je parle de film sociologique car le réalisateur parvint par petite touche à dénoncer l'attitude de la haute bourgeoisie américaine par rapport au statut des Afro-Américains. Mais l'une des forces de Get Out est de ne pas faire de ce sujet une argumentation philosophique mais au contraire de s’en amuser et de s'en servir comme d'un bon défouloir tout en nous poussant vers une réflexion très intéressante sur le racisme ordinaire et les classes sociales aux Etats-Unis. C'est bien simple, quand le film veut faire rire, il nous fait rire. Quand le film veut faire peur, il fait nous peur. Quand le film veut faire réfléchir, il nous fait réfléchir. Et le réalisateur parvient à chaque fois à ses fins, sans aucune difficulté.

Le plus compliqué lorsque l'on mélange les styles est de ne pas tomber dans la parodie. Heureusement, c'est loin d'être le cas ici. Il faut dire que l'on est loin du film d'horreur classique, il n'y a rien de visuellement effrayant et il n'y a aucun jumpscares gratuit, ce sont les situations qui sont effrayantes ainsi que le comportement des personnages. Get Out prend le pari d'une mise en scène efficace et le pari est parfaitement réussi. Tout passe par un montage plus que parfait. Un visage, une intonation ou même un son précis sont pris et tournés de manière à instaurer un malaise tangible.

Afin d'accentuer ce sentiment de malaise, le réalisateur part d'un principe tout bête, celui du malaise que l'on peut tous ressentir lorsque l'on se retrouve entourés d'un groupe de personnes sans que l'on puisse trouver notre place à travers la question de la couleur de peau, du rang social, ou de la différence d'âge. Ainsi, le malaise est réellement perceptible quel que soit le spectateur. Résultat, Jordan Peele parvient à nous faire ressentir tout le malaise que ressent Chris. La bande sonore joue également un rôle important dans cette mise en place du malaise et de la peur. Elle sublime chaque instant horrifique par des notes assez stridentes nourrissant un peu plus encore nos frayeurs, façon Hitchcock d'ailleurs.

Le tout est validé par un Casting qui est à la hauteur de ce petit bijou horrifique avec une mention spéciale pour Daniel Kaluuya (Chris) et Allison Williams (la petite amie de Chris) qui livrent tous deux une très belle performance. Je dois avouer que je ne connaissais aucun de ces deux acteurs et que j'ai hâte de les retrouver dans d'autres films. Mais les autres acteurs sont également tous remarquables de justesse et participent admirablement bien à la réussite de ce film.

Le seul défaut de Get Out réside dans sa dernière partie, les dernières minutes pour être précis, où le film tombe dans les travers du genre en jouant la carte de la facilitée, ce qu'il avait pourtant éviter avec brio jusque là.
Pour conclure, Get Out apporte un sacré rafraîchissement au genre. C'est aussi une très belle surprise et il fait parti des films à voir de l'année 2017.