Téléfilm américain assommant de 4h30 concentré sur l'une des batailles décisives de la guerre de Sécession, la bataille de Gettysburg de 1963, 2 ans avant la fin du conflit. 4h30 pour dire aussi peu de choses intéressantes sur une guerre pareille, c'est une sacrée performance, et le travail de Ronald F. Maxwell distribué en 1993 alimente une incompréhension majeure quand on sait que Ken Burns venait juste de sortir sa série documentaire sur "The Civil War" en 1990 : 11 heures bien plus constructives.
Seule chose appréciable mais qui apparaît davantage comme une contrainte commerciale, un cahier des charges, une nécessité pour être admis sur le territoire états-unien : les forces de l'Union et les forces de la Confédération sont traitées avec le même respect, il n'y a aucune diabolisation de part et d'autre. Le corollaire malheureux étant que le film manque cruellement d'enjeux, de contexte, et de matière première. Sur les 4h30, la sensation de biopic interminable tient en grande partie au fait que la majeure partie est consacrée à 1) des séquences de remplissage dans lesquelles des officiers se font des courbettes, 2) des séquences de bataille tout sauf palpitantes (des canons, des baïonnettes, des fusils, des chevaux), et 3) des séquences bassement explicatives qui donnent l'impression d'être sorties d'un manuel scolaire de collégien américain.
Impressionnante densité de discours creux et de phrases toutes faites, de généraux témoignant un respect pour les prisonniers du camp ennemi ou pour les brebis galeuses de son propre camp, de descriptifs superficiels des stratégies et des batailles. Dans la flopée de personnages importants on voit passer Martin Sheen (le général confédéré Robert E. Lee, commandant très populaire), Jeff Daniels (le colonel nordiste Joshua Lawrence Chamberlain, professeur de faculté qui se porta volontaire), et Sam Elliott (l'officier de cavalerie John Buford qui déterminera le choix du terrain favorable aux unionistes). Rien sur ce qui précédait, rien sur ce qui suivra, le plus grand effort de contextualisation porte sur la correspondance de photos entre acteurs et personnages réels... Grandiloquent, académique, mais surtout interminable dans sa succession de monologues et de combats tous plus fades les uns que les autres, à grand renfort de discours creux sur le devoir ou le sacrifice et de musique sirupeuse à souhait. La simplification des enjeux et l'absence de fond dans les antagonismes sont rédhibitoires.