Le cul dans l'herbe grasse, les yeux vers le plafond étoilé, il est de coutume de s'interroger sur la grandeur de l'univers, l'existence ou non d'autres peuplades douées d'intelligence, d'autres cultures alors qu'on aime se conforter dans l'idée de l'incroyable hasard, la minuscule étincelle qui donna naissance à notre étrange espèce... Mais il faut bien comprendre que nous ne sommes pas la seule civilisation qui ait vu le jour dans ce système solaire. Avant il y avait les martiens aussi. Un peuple bien plus évolué encore que nous, des êtres doués de grands pouvoirs, acquis par la forge d'esprits sans nul autre pareils... SEULEMENT VOILA, un jour un gros dragon tricéphale a déboulé avec la ferme intention d'annihiler toute trace de vie sur la planète rougeâtre, se faisant un devoir personnel de transformer ce monde foisonnant en grosse caillasse sèche.
Aujourd'hui, les martiens, vilement expulsés d'un monde oublié, ont trouvé refuge parmi nous, prenant possession du corps de tel ou un tel pour divulguer leurs informations acquises par un don divinatoire bien pratique. C'est comme ça qu'une jeune femme, autrement princesse d'un improbable pays, clame à qui veut l'entendre qu'elle vient de Mars et que la Terre va bientôt avoir chaud au cul à cause de l'arrivée d'un monstre revêche. Dans l'assemblée terrienne, il est de bon ton de la prendre pour folle, bien qu'on se demande tout d'même si elle ne vient pas réellement de Mars, la faute à un pouvoir de persuasion on ne peut plus affûté. M'enfin martienne ou pas martienne, ça ne semble pas plus que ça soucier les terriens qui vaquent pleinement à leur quotidien en invitant sur leurs plateaux télévisés les fées lilliputiennes de l'Île d'Infant, résidence du jeune Mothra, alors encore à l'état de grosse larve joufflue.
Non loin de là, à proximité de ce Japon au sommet de sa forme, Godzilla sort de l'eau et explose un bateau, Rodan jaillit d'un cratère et rase un bout de ville, et les deux se retrouvent pour faire du catch dans la joie sur les plaines verdoyante de contrées florissantes.
Tout semble aller pour le mieux donc, jusqu'à ce que l'arrivée de celui qui a jadis anéanti Mars soit imminente et avérée, foi de martienne possédée. L'inquiétude monte alors et une stratégie étudiée est mise en place en haut lieu : Il faut demander à Mothra la grosse chenille qu'elle conjure Godzilla le lézard atomique et Rodan le ptérodacpoule géant de s'allier pour faire face au dragon électrique.
Mothra fonce donc rejoindre les deux gros machins qui se foutent sur la gueule à coups de rocher pour les raisonner en leur vomissant dessus, ce qui a pour effet réussi de les stopper net dans leurs ébats en provoquant leur hilarité commune. Les deux bestiaux s'esclaffent en se désignant de la patte "HAHAHA T'ES RECOUVERT DE MORVE !" (sérieux), et s'en suit un dialogue fabuleux, traduit par les lilliputiennes as du tapis volant, qui pourrait s'apparenter à :
Mothra : "Pui Pui Puiiii" (hey les gars, arrêtez cinq minutes de vous balancer des montagnes sur la tête et venez aider les humains, ils ont besoin de nous !)
Godzilla : "Graaaaaaaaaiiiirrr" (rien à branler c'est leur problème)
Rodan : "CUO CUI" (ouais, bien d'accord avec le gros)
Mothra : "Pui Pui Puiiii" (mais les terriens vont tous crever !)
Godzilla : "Graaaaaaaaaiiiirrr" (y font rien qu'à nous persécuter façon)
Rodan : "CUO CUI" (ouais, bien d'accord avec le gros)
Mothra : "Pui Pui Puiiii" (mais la Terre c'est votre planète aussi !)
Godzilla : "Graaaaaaaaaiiiirrr" (ah ouais c'est vrai... bon ok mais faut que le piaf s'excuse ! Il m'a picoré la tête !)
Rodan : "CUO CUI" (ah oui tiens... mais le gros doit s'excuser aussi, il m'a frappé le séant avec son pied volumineux)
Pour finir, on obtient enfin notre grande bastonnade finale lors de laquelle Mothra la grosse chenille, Rodan le deltaplane au gros bec à dents et Godzilla la fusion entre Casimir, un stégosaure et une bombe aérosol s'unissent pour rosser violemment le gros dragon extraterrestre. Godzilla tente de protéger ses parties intimes tout en le caillassant violemment avec les rochers alentours tandis que le gros vers monte sur le dos du poulet pour déverser des hectolitres de mollards sur le méchant animal intersidéral qui battra en retraite recouvert de dégueuli blanchâtre.
Pour parler rapidement du film dans son ensemble, c'est signé Ishiro Honda donc ça reste vraiment agréable esthétiquement parlant, avec un soin toujours aussi inspiré pour les décors, des cratères mystérieux aux belles plaines champêtres, et le film passe parfaitement bien, le côté cartoono-nanardesque, signature d'une époque, jouant beaucoup pour la saveur unique du truc. Tous les vrais machins du genre devraient être comme ça, à la fois drôle de ridicule et foutrement émouvants de sincérité. Des trucs hilarant ET faits avec amour. C'est là que doit être la différence entre nanar et navet.