Sam,cadre bancaire new-yorkais,emménage avec sa petite amie Molly.Ils sont jeunes,ils sont beaux,ils sont amoureux,mais un soir tout s'arrête brusquement lorsqu'un voyou latino les agresse dans la rue et tue le garçon.Sauf que Sam ne disparait pas vraiment car il reste coincé entre deux mondes à l'état de fantôme.Il est là mais les vivants ne peuvent ni le voir ni l'entendre ni le toucher.Et sa situation empire quand il découvre que son meurtre ne devait rien au hasard,que Molly est en danger et qu'il n'a aucun moyen d'intervenir physiquement pour changer les choses.Grand succès en 90 pour cette première réalisation en solo de Jerry Zucker,jusque-là spécialisé dans la comédie déjantée en trio avec son frère David et Jim Abrahams.S'appuyant sur un formidable script de Bruce Joel Rubin qui sera couronné de l'Oscar du meilleur scénario original,l'ex ZAZ maîtrise parfaitement une histoire qui pourtant mélange les genres d'une manière qu'on aurait pu penser excessive.Il y a un peu de tout là-dedans,du romantisme,de l'humour,du fantastique,du polar,du suspense et du mélodrame.Et ça fonctionne dans toutes ces dimensions grâce au travail fabuleux de Zucker et Rubin.Pas une scène qui n'apporte au récit de l'information et de la progression,aucune séquence inutile,les auteurs glissant élégamment d'une ambiance à l'autre avec une étonnante aisance.Il faut dire que cette production Paramount est blindée à tous les niveaux avec ILM qui fournit des effets spéciaux excellents pour l'époque,notre Maurice Jarre national qui signe une musique s'adaptant elle aussi efficacement aux changements de tons et un montage premium de Walter Murch,un cador de la profession qui a beaucoup collaboré avec Coppola et qui a été oscarisé pour "Le patient anglais".Comme Zucker manie superbement la caméra et sait calibrer le rythme de ses scènes et valoriser au mieux ses décors,tout ceci constitue un régal comme on n'en fait plus guère.On ressent profondément la rage et l'impuissance de Sam qui voit tout mais ne peut intervenir,son angoisse de regarder sa compagne être menacée sans qu'il ne puisse la sauver ni même la prévenir.Et quand il parviendra à se manifester il devra encore se heurter au scepticisme des protagonistes qui ne croient évidemment pas aux fantômes.Certaines séquences sont cultes,qui n'a pas par exemple rêvé de faire de la poterie avec Demi,joli moment érotique, sur le sublime "Unchained Melody" version Righteous Brothers,qui mérite bien en l'occurrence le qualificatif de slow de la mort.Quant à la séparation ultime des deux amants,lorsque Sam doit vraiment s'en aller,elle est déchirante et il devient difficile de ne pas chialer comme une gonzesse.Car c'est aussi un film sur le deuil,sur l'impossibilité d'accepter la disparition de ceux qu'on aime,sur la nécessité de poursuivre sa vie avec cette tristesse dans l'âme.Il y a quelques scories cependant avec des facilités scénaristiques un peu gênantes mais qui n'empêchent pas de globalement adhérer au spectacle.La façon dont Sam parvient à agir sur la matière n'est pas très convaincante,pas plus que l'explication du fait que certains morts restent sur Terre en stand-by.Le manque d'insistance du héros auprès de la médium au moment où il aurait le plus besoin d'elle pose également problème,tout comme sa stratégie pour coincer le coupable,qui met Molly en péril plus qu'autre chose.Patrick Swayze et Demi Moore,beaux comme des dieux dans l'éclat de leur jeunesse,sont très bons et forment un magnifique couple.Et puis il y a le numéro démentiel de Whoopi Goldberg en vraie-fausse voyante arnaqueuse qui se désole de s'apercevoir qu'elle a vraiment un don.Sa présence dope la partie comique du film mais aussi les scènes émouvantes de la fin.Les physiques inquiétants de Rick Aviles en agresseur cradingue et de Vincent Schiavelli en fantôme du métro apportent de la valeur ajoutée,dommage que Tony Goldwyn soit bien faible en meilleur ami faux-jeton.