Paraphrase et hors-sujet : ça fait peut-être une première copie de philo de Terminale, mais certainement pas une adaptation.
Dans sa vision de l'oeuvre de Shirow, Mamoru Oshii réactualisait le cogito cartésien sous le prisme d'un cyberpunk hors du temps, avec maîtrise et élégance. Sanders y substitue une banale histoire de vengeance sur fond d'émancipation de la femme-objet, avec un semblant d'inspiration platonicienne – la fameuse allégorie de la caverne qu'on nous vomit à chaque fois pour justifier l'élévation d'une figure héroïque au-dessus des illusions que la société lui fait ingurgiter. Point de salut pour la métaphysique : la recherche d'identité se résume à une bête intrigue de souvenirs effacés déjà vue mille fois. Rendons-nous à l'évidence, personne dans le processus créatif ne semble avoir cherché à comprendre l'oeuvre d'origine.
À moins que.
Sanders nous ressert des calques plan-par-plan des scènes clé du long-métrage initial pour aussitôt en trahir le sens, quand il ne s'agit pas purement et simplement de le détruire à l'image (je pense notamment à ce qu'il reste de la rencontre finale des deux cyborgs). Chaque fois que Sanders semble s'engager sur le terrain de l'introspection, une péripétie ou un contresens désamorce systématiquement l'ersatz de réflexion qu'on espérait voir s'installer. À se demander s'il ne s'agit pas finalement d'une énième opération de sabotage dont Avi Arad – également aux commandes des projets Naruto et Metal Gear Solid, on vit une époque formidable – a le secret.
Paraphrase et hors-sujet, donc : tout juste des citations bêtement recrachées et contorsionnées pour livrer une bouillabaisse terriblement convenue et foncièrement nocive, tant pour son genre que pour son public.
Voilà donc un film d'action SF en tout point quelconque, et un portage qui relève de la fumisterie. Reste un Kitano miraculé, ravi de pouvoir enfin s'inscrire au panthéon des punchlines de blockbusters.