Bien que l'animation japonaise ne cesse encore aujourd'hui de nous époustoufler, certains films ont depuis leur sortie gravé le temps, inscrit leur pérennité au fer rouge grâce à une animation indétrônable et un scénario tenant du génie. Tiré du manga éponyme de Masamune Shirow, Ghost in the Shell se place au top des longs-métrages japonais. Une intrigue complexe faisant remuer la matière grise, une mise en scène hollywoodienne avec séquences d'action à laisser bouche bée et cadrages millimétrés, une musique enivrante, une animation d'une rare qualité, un ton adulte et violent...
Le film date de 1995 et on a encore du mal à le croire. Délaissant l'humour du manga original et ne se concentrant que sur un (gros) chapitre de son histoire, le long-métrage va droit à l'essentiel : proposer un scénario intelligent agrémenté de scènes d'action explosives. La thématique, inspirée par les ouvrages de Philip K. Dick, résonne en leitmotiv : qu'est-ce qui différencie l'humain de la machine ? L'Homme a sa volonté propre, ses goûts, ses choix, ses erreurs.
Dans le futur, la machine aussi et c'est en cela qu'elle peut, par définition, être considérée comme un être vivant. On nage en pleine science-fiction cérébrale autour d'un décor futuriste et d'un parfum cyberpunk où l'ennemi principal de cette équipe policière spéciale menée par le cyborg sexy Motoko Kusanagi est un hacker machiavélique qui s'infiltre où bon lui semble. Mais que serait Ghost in the Shell sans le génie de Mamoru Oshii ?
Le réalisateur de Stray Dogs et Patlabor nous offre un film dénué de tout défaut, optant pour un chara-design unique, proposant des fusillades d'anthologie, des courses-poursuites inoubliables et une animation alors novatrice, bouleversant les codes du genre avec une maestria éblouissante, le tout épaulé par l'entêtante musique de Kenji Kawai. Teinté d'érotisme soft mêlé à une ultra-violence tape-à-l'œil, le film reste visuellement une perle et un modèle du genre, un véritable chef-d’œuvre aussi dynamique que contemplatif qui continue de balancer encore aujourd'hui des paillettes dans les yeux.