Plus de 25 ans après, j'ai revu Ghost in the Shell et ça n'a "presque" pas pris une ride, ou alors juste une ou deux. L'animation est excellente pour l'époque, dynamique et fourmillant de détails. Quant à la direction artistique, elle est avant-gardiste (et parfois racoleuse) et se marie parfaitement bien avec sa musique planante. La BO est réellement sublime, tellement sublime qu'elle met l'animation au second plan.
Ghost in the Shell c'est donc d'abord une énorme claque visuelle et sonore, mais c'est surtout pour son univers cyberpunk passionnant et atypique (et adulte) que le film est entré dans la postérité. Les nombreux passages étrangement contemplatifs et poétiques alternent avec des scènes d'actions phénoménales. Ensuite les quelques dialogues philosophiques sur "qu’est-ce qu’être humain ?" sont un peu maladroits, mais ça apporte beaucoup de richesse et de profondeur à cet univers. C'est parfois un peu lourd certes, mais ça a au moins le mérite de susciter la réflexion.
Mais toujours est-il qu'il faut se faire une raison, malgré son statut d'œuvre culte et inattaquable, Ghost in the Shell n'est pas pour autant exempt de défauts. Certains passages du film et certains choix artistiques semblent directement sortir de la tête d'un adolescent de 14 ans. A la moindre occasion et pour les "besoins" du scénario (le camouflage optique), le Major Kusanagi se retrouve à poil. Cette imagerie de la femme-robot avec de gros seins et le gore omniprésent, trahissent les obsessions adolescentes de son auteur, à moins que ce soit une directive de la production pour vendre des VHS par camions. Ceci dit, c'est cohérent avec l'imagerie adolescente que je me faisais en 1995 d'un univers cyberpunk. Ahhh, les années 90 ...
Ensuite il y a cette scène de dialogue philosophique sur le bateau entre le Major Kusanagi et Batou, assez problématique voir grotesque. Et pourtant la question soulevée est simple : qu’est-ce qui distingue l’être humain d’un robot ? Le Major étant un cyborg à la technologie très avancée, elle doute de son humanité. Mais voilà, l'écriture est dispersée, balourde et ça se prend tellement au sérieux pour pas grand chose.
Alors tout ça, ça ne gâche nullement mon plaisir d'avoir revu l'un des films les plus marquants de mon adolescence, pour une œuvre tellement en avance sur son temps. Les sœurs Wachowski s'en sont d'ailleurs grandement inspirés pour Matrix.