Et l'Homme créa la Machine.
Ghost in the Shell m'a irrésistiblement rappelé...Akira. Est-ce en raison de son esthétique, de sa musique, de son sujet principal ? Je ne sais.
Mais si Akira m'avait laissé comme un goût d'inachevé en travers de la gorge, Ghost in the Shell s'achève au moment où il commence vraiment...
Le questionnement principal du film emprunte beaucoup à Philip K. Dick et son Blade Runner, mais aussi, bien sûr, au tout aussi classique Asimov : les robots peuvent-ils vivre au sens strict du terme ? Qu'est-ce qu'un humain à l'ère de la cybernétique où corps et machine ne font plus qu'un ?
Si la réponse appartient eu film et n'est donc pas en soi "critiquable" (je ne vais pas tomber dans le débat philosophique non plus, même si c'est vraiment le pitch du film), je vais reconnaître à Ghost in the Shell des qualités énormes : une animation et une esthétique impeccables pour l'époque, empruntant beaucoup à Akira (toujours et encore), une musique envoûtante et, quoi qu'il en soit, marquante (très proche de celle d'Akira là aussi...), un scénario bien construit même s'il cède à quelques facilités.
L'aspect purement émotionnel du film est assez léger. Peu de moments vraiments émouvants ou effrayants, si ce n'est ce pauvre homme manipulé de bout en bout par une intelligence qui lui est supérieure...j'ai bien failli verser ma petite larme.
Maintenant, passons au coeur du sujet.
Kusanagi, un cyborg, se retrouve confrontée à des questionnements sur son humanité, bien compréhensibles. C'est bien, c'est intéressant, mais présenté de façon beaucoup trop abrupte, ce qui entraîne une perte de réalisme. On échappe pas à des dialogues fondamentalement vains et grandiloquents sur la nature de la vie, et je le regrette. Tout cela manque un peu de subtilité...
Heureusement, l'aspect philosophique du film est sauvé par le projet 2501, qui s'avère bien vite être le personnage le plus intéressant de l'histoire, mi-révolutionnaire, mi-utopiste, qui prétend transcender l'humanité mais au final ne peut s'y résoudre sans rejoindre l'humanité dans son aspect le plus...matériel, ce qui m'a arraché un sourire.
La vraie puissance de Ghost in the Shell réside surtout dans sa photographie, à tomber, tandis que chaque plan résonne comme ayant un message bien à lui...quelle puissance symbolique dans cet arbre de l'évolution ravagé en partant des racines par la mitrailleuse de la machine qui remonte (et démonte) toute l'histoire de la vie, pour finalement frapper la dernière branche : celle de l'Homme. Les machines sont-elles l'avenir du monde, les humains sont-ils trop limités pour survivre ? La suite au prochain épisode, comme le suggère la dernière phrase du film...et nom de nom, je dois tout de même reconnaître que Kusanagi a vraiment la classe.
Pari réussi pour Mamoru Oshii : un film splendide, intelligent, peut-être trop affirmé comme étant philosophique mais écrasant de puissance symbolique. Chapeau bas.