"Ghost in the Shell" est devenu rapidement un film-culte, qui a directement inspiré les Washowski pour leur "Matrix", et que ses admirateurs défendent bec et ongles contre les sceptiques, dont je suis… Certes, "Ghost in the Shell" n'est pas un anime ordinaire : la précision du découpage, le soin apporté à certaines images (d'une indéniable beauté), l'inventivité de la mise en scène de Mamoru Oshii font sortir le film des frontières habituelles du genre, et le tirent loin du "cyber-manga" un peu primaire pour adolescents vers le "vrai cinéma". Prenant intelligemment son temps malgré un format assez court (moins de 90 minutes), stoppant régulièrement, pour nous offrir de beau intermèdes "suspendus", le mouvement effréné de son intrigue ténébreuse - et honnêtement pas très compréhensible, en particulier au niveau des jeux politiques entre les différentes agences et représentants gouvernementaux -, "Ghost in the Shell" a surtout l'ambition de livrer quelques réflexions... qu'on pourrait, en poussant un peu, qualifier de philosophiques, sur la nature humaine et sur la définition de la Vie ! Alors où est le problème ? D'abord, formellement dans une animation assez primitive qui a logiquement pas mal vieilli, et qui désamorce la puissance potentielle des scènes d'action. Ensuite dans le fait que, derrière l'aspect un peu prétentieux des digressions entre (presque) humains, cyborgs et programmes sur l'essence de la Vie, il suffit de réfléchir un peu pour se rendre compte que tout cela reste très superficiel, un peu enfantin même, surtout si l'on compare "Ghost in the Shell" à l'œuvre littéraire de Philip K. Dick, qui a été clairement une source d'inspiration ("les Androïdes rêvent-ils de moutons électriques", évidemment…). Mais c'est surtout le choix de montrer sans aucun motif scénaristique, la belle héroïne quasiment toujours nue et de s’appesantir sur ses généreux attributs qui disqualifie le film, et le ramène à son essence un peu médiocre de "film pour geeks". [Critique écrite en 2017]