Les thèmes qui gravitent autour du personnage de Kusanagi sont d'une richesse surprenante pour un film de ce genre. Cette femme qui a laissé son corps à la disposition des scientifiques pour qu'ils fassent d'elle une véritable machine à tuer de la cyber-police, qui plus est parfois utilisée à des fins meurtrières, voit son humanité remise en cause par l'arrivée de ce "puppet master". Que subsiste-t-il d'humain en moi ? Et si ce ghost n'était pas le mien ? Le spectacle d'humains manipulés et dont la mémoire est totalement virtuelle y est certainement pour quelque chose lui aussi. Isolée par sa différence qui l'oblige plus ou moins à garder l'anonymat, elle se voit confrontée à une entité dont la société n'avait jamais envisagé l'existence. Issu du flux incessant d'informations véhiculées par le net, le Puppet Master a fini par prendre conscience de son existence propre et recherche la liberté. Utilisé comme espion high-tech par le gouvernement il va décider de s'affranchir, semant la mort sur son passage. Cette réflexion sur l'intelligence artificielle doublée d'une introspection cybernétique plus humaine qu'on veut bien l'admettre dénote tout le génie de ce scénario novateur. Pour finir, comment ne pas citer la bande originale de Kenji Kawai, maître du genre, qui s'est une fois de plus surpassé, accompagnant les égarements psychiques de Kusanagi et illustrant habilement les scènes contemplatives du grand, du très grand Mamoru Oshii. C'est beau, c'est diablement intelligent, et ça fait réfléchir.