Quelques années avant son réjouissant « Bad Santa », Terry Zwigoff nous enchantait déjà avec ce « Ghost World » venu de nulle part hormis de l'univers si singulier d'un cinéaste que l'on aimerait tellement voir plus souvent à l'ouvrage. Car si les premières minutes ne nous rassurent pas vraiment tant on ignore quelle direction le film va prendre, Zwigoff ne laisse que peu de temps le doute planer tant le reste s'avère être un véritable régal aussi bien pour les yeux que pour l'esprit. Car au-delà de la science du cadrage du bonhomme et de toutes ses étonnantes couleurs vives apportant une touche très « 60's » à l'ensemble, c'est d'abord le point de vue de l'auteur qui nous régale vis-à-vis de ce monde de l'après-adolescence que l'on connaît tous si bien, surtout que l'on est pour une fois très loin des chroniques prévisibles et fades que l'on nous assène si régulièrement. Ici, place aux dialogues avant tout, pas forcément réalistes (bien au contraire), mais presque toujours réjouissants, tout comme les situations régulièrement hilarantes et elles aussi totalement au service de cette période bien à part qu'est celle de quitter la maison familiale ou encore de trouver son premier boulot. Loin de s'apitoyer sur son sort donc, l'oeuvre présente au contraire un sens de l'humour et de l'absurde à toute épreuve auquel chaque acteur vient apporter sa pierre à l'édifice, que ce soit la toujours aussi radieuse et irrésistible Scarlett Johansson, le génial Steve Buscemi et surtout la brillante Thora Birch dans un rôle qui semble avoir été créé pour elle. Une très belle réussite, entre rires et larmes mais toujours tout en subtilité et en élégance : merci M. Zwigoff.