À la lecture du résumé, deux possibilités. Soit vous vous en tenez à l'euphémisme "tiens, ça me rappelle vaguement quelque chose" soit vous faites mine de rien juste pour savourer ce petit plaisir rétro 90. Erreur dans les deux cas.Inutile de jouer les amnésiques,Ghosted est l'énième recopiage d'une formule défraichie que vous avez vu déclinée sous toutes les formes depuis... au hasard 30 ans. Et pour la friandise gentiment datée, sachez qu'elle rappelle bien les années 90 mais plutôt dans sa catégorie téléfilm de l'après-midi. Et bon appétit bien sûr !
Après Netflix, Apple TV+ a visiblement confié la boutique à son propre générateur de films. L'IA a donc sélectionné les scénaristes derrière les succès Deadpool et 6 Underground (youpi...), puis embauché le réalisateur derrière Rocketman (la caution auteur, sûrement), et misé sur un duo très sexy et surtout très bankable. Algorithme de croisière ? L'écriture, le tournage, et la post-prod, tout, absolument TOUT est en pilotage automatique. Oubliez la partie humaine, elle s'est mise en veille. Ou en vacances prolongée.
L'histoire se limite à des idées trépanées mises bout à bout sans cohésion (ni cohérence), plongeant la première demi-heure dans une gêne intégrale. La partie romcom est assurément la plus terrifiante de Ghosted, garnie de blagues fossilisées, de métaphores botaniques desséchées et d'enchainements tous plus malaisants les uns que les autres (cette montée des marches, oh mon dieu). Dexter Fletcher, le gentil "prête-nom" utilisée pour fourguer du contenu, n'essaie même pas de faire illusion. Le réalisateur fait juste des plans et les assemble sans chercher à en extirper quoi que ce soit. Pareil pour la photographie, d'un morne pas permis. Il n'y a aucune direction. Pas de rythme pour la comédie, pas de crescendo dans l'action (Sidney Fox l'aventurière à côté c'est True Lies), et même pas l'espoir d'en faire une grosse pantalonnade. Ainsi, une pure scène de cartoon (les héros se retrouvent trois fois d'affilée dans la même situation) est complètement bousillée par l'absence de mise en scène et de rythme, sans même parler des invités surprises dont la présence achève de rendre le moment artificiel (en plus d'être pénible). Aussi appétissant qu'un sandwich sous cellophane. Ah oui, Fletcher a également renoncé à diriger ses comédiens, qui partent dans tous les sens sauf le bon. Chris Evans en fait des méga-caisses, Ana de Armas fait ce qu'elle peut, Adrian Brody s'est gouré de film et ceux qui restent ont l'air désolés d'être là.
Ne faîtes pas comme eux, évitez ce sous-ersatz d'un lointain souvenir des 90's qui ne vous apportera rien de plus que deux heures de perdues. Ou alors contentez-vous de la première partie, suffisamment lunaire pour en rire. Et fuyez l'heure et demie suivante, beaucoup trop minable pour se la farcir.