Au jeu des convulsions répugnantes de l'ordre biologique; Pas d'échappatoire, Pour personne.

Grandement inspiré d'un extrait du roman "Le Chardonneret" de Donna Tartt que je vous laisse en entier car dans un certain sens il rejoint le film



Les convulsions répugnantes de l'ordre biologique. La vieillesse, la
maladie, la mort. Pas d'échappatoire. Pour personne. Même ceux qui
étaient beaux étaient comme des fruits ramollis sur le point de
pourrir. Et pourtant, tant bien que mal, les gens continuaient de
baiser, de se reproduire et d'affourager la tombe, produisant de plus
en plus de nouveaux êtres qui souffriront comme si c'était chose
rédemptrice ou bonne, ou même, en un sens, moralement admirable :
entraînant d'autres créatures innocentes dans le jeu perdant-perdant.



Essaie de critique sur un film horrifique.


La Peur. Je ne parle pas là du genre horrifique, tout les films d'horreur n'ont pas pour but de faire peur, pas plus qu'on ne retrouve la peur uniquement dans les films du genre. Je parle bien ici de la peur, la sensation que l'on éprouve quand notre corps se sent en danger, notre pou s'accélère, nos muscles se préparent à fournir un effort surhumain et notre cerveau place notre âme dans cette espèce d'ivresse de survie ne se reposant sur nos plus que sur nos plus bas instincts.
Pourquoi? Non, pas pourquoi la peur existe, Pourquoi cherche-t-on tant cette peur? Films, Séries, Jeux-Vidéos, Parc d'attractions, Désobéissance, Journal télé, Jouer avec les risques, ect... Tant de choses pouvant servir à procurer ce besoin d'avoir peur. Et même quand on y pense, les mythes, les dieux, les explorations/expériences, les gladiateurs voir même les sacrifices étaient aussi des moyens de percevoir la peur en leur temps. De tout lieux, toutes époques ce qui relie nos société c'est cette envie de peur. Mais cette peur il ne faut surtout pas la confondre avec la vraie peur, réflexe de survie face à l'horreur. Ici vous survivrez à l'attraction, au film, aux annonces du journal et vous le savez. On ne cherche pas à souffrir, on cherche l'impression de l'horreur, le fantasme d'avoir peur.


Bon tout ça est bien jolie mais ça ne répond pas à notre question, pourquoi cherche-t-on à stimuler notre peur? Il est presque idiot de répondre à cette question car la réponse est (vite répondue) évidente, vous le sentez: On se fait peur pour vivre. Malgré le bonheur de la joie c'est bien dans la peur, face à elle, notre calme et inéluctable mort qu'on a le plus l'impression de la vie et de son importance. C'est cette lutte primaire sur laquelle se base n'importe quelle histoire car finalement elle est le seul combat qui compte aux yeux de tous: celui de la vie contre la mort.
La vie a donc toujours été une épreuve de tout le monde pour prouver qu'on mérite de rester. Mais ce qui est le plus intéressant finalement ce sont les armes: deux possibilité: fuir ou se battre. Se battre est finalement plutôt simple à décrire, faire face à sa peur pour essayer de la vaincre, de la calmer. Fuir est plus dur à cerner. Fuir le monde (mort), le danger, la réalité (construction d'un échappatoire) ?
Ghostland réussit le pari de nous dresser un portrait de tout ça, une véritable description de la peur, un ultime hurlement des limbes.


Mais avant de parler complètement de Ghostland, parlons de moi et de mon rapport à l’horreur (si vous vous en foutez, sautez le paragraphe mais j'essaierai d'être court). Intéressé par le cinéma d'horreur depuis près d'un an, j'ai appris à aimé le genre sous toutes se formes, du traumatisant Grave au terrifiant La nuit des masques en passant par le culte-plus-vraiment-flippant Les dents de la Mer. Pourtant, je ne suis jamais allé voir de l'horreur au cinéma, là ou je pourrais prétendre que le corona et ses conséquences n'ont pas aidé, il faut admettre que j'ai toujours préféré voir l’horreur chez moi, dans ma sphère de sécurité, me permettant de changer de salle ou d'aller boire quand ça devient trop dur. Comme Beth face à l'horreur j'ai toujours choisi l’échappatoire. Ghostland est finalement le premier film qui m'a mis face à ma peur, m'obligeant par son intrigue à y faire face, et de cette expérience j'en sors grandi, donc merci.


Ghostland s'ouvre sur un enfant courant derrière la voiture de nos protagonistes, comme si il voulait leur faire comprendre la bêtise de s'installer seules dans un décors semblable à "Massacre à la Tronçonneuse" avec un tueur en liberté.
S'en suit une description de nos personnages qui se fera jusqu'à l'arrivée dans la maison. On découvre donc Colleen d'une certaine joie de vie et d'un amour inconditionnel pour ses deux filles Beth et Verra. Verra se maintient dans une réalité cartésienne qui la rend insensible à des choses banales du quotidien. Son total opposé est Beth, ayant peur de l’horreur du monde elle va se réfugier dans son monde ou elle expérimente le fantasme de peur, notamment en citant Lovecraft. Elle a peur de la vue du sang mais le "piège de la poupée dans le miroir" ne l'a pas fait broncher.
Pendant ce temps les "horreurs" arrivent (on les traitera plus tard par la suite). L'arrivée est intéressante, ils viennent se présenter presque gentiment (non sans un certain) puis petit à petit leur présence va passer de gêne à peur, culminant avec la dernière scène apparition dans le dos de Verra après que l'on ai appris la présence de tueurs dans les environs. Ils arrivent, presque paisiblement quand on y pense, presque inéluctablement, l'arrivée des deux compères signe l'arrivée de la mort, la vraie.
Passons les quelques scènes de bagarres pour retrouve Beth, dont le réveil tiens ici plus d'une arrivée dans un monde, qu'on ressent avec les idée de violence et de second souffle. Un malaise va se créer, on ne le remarquera pas tout de suite certes, mais petit à petit on va voir que quelque chose cloche. Tout va dans son sens, à son honneur, tout sonne trop beau, trop parfait. Jusqu'au moment ou le verre de protection se casse et qu'on se rend compte, comme Beth qu'il n'y aura pas d'échappatoire.


D'après les recherches que j'ai faites, il est courant dans la filmographie de Laugier de s'amuser avec les points de vue pour enivrer son public dans la peur. On retrouvera presque 2 parties, 2 films. L'une presque classique, semblable à ce que Beth pense de la peur mais à la fois beaucoup plus que ça et l'autre ou on va essayer de s'y extirper. La peur chez Laugier est quelque chose de fascinant, Elle s'amuse a prendre plusieurs formes, plusieurs aspects mais toujours cohérents dans sa justesse. La peur chez Laugier nous marque, tant elle diffère de ce qu'on a l'habitude de voir dans les Blockbusters américains. On retiendra surtout cette poésie morbide, qui enveloppe le tout dans un aspect presque fabuleux, féerique de cette peur. On se surprendra presque à en redemander, à revouloir de cette peur caractéristique au réalisateur qui nous émerveille presque autant qu'elle nous terrifie, à l'instar de ces poupées, un peu partout dans la maison, qui participent autant à la peur qu'au rêve


L'affiche de Ghostland représente parfaitement le spectateur, détruit par l'expérience, mais les yeux grands ouverts, contemplant, presque inerte, cette macabre poésie.

Créée

le 31 août 2020

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Lordlyonor

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