Avec autant de prix, de promo, de passion et de tintamarre, je mentirai si je n'attendait pas quelque chose de qualité avec Ghostland. J'avais oublié ma règle numéro 1 en matière de cinéma horrifique : ne jamais rien attendre. Je me suis fait eue...
L'affiche est assez affreuse, du déja vu en barre, mais c'est peut être la faute de la prod ou de la distrib. La bande annonce, je n'y ai rien compris. Absolument rien, a part Mylène Farmer et des plans éculés a base de jump scare. Là aussi c'est peut être la prod.
EH BIEN NON. C'est tout ce qu'il fallait comprendre et c'est très fidèle au produit. Attention, spoilers ahead: ce film va se foutre de vous.


Il est terrible de voir qu'avec autant de moyen on puisse produire un film ayant a peine la saveur d'un téléfilm. L'horreur est un genre qui est avant tout affaire d'équilibre et de finesse, n'en déplaise a certains. Il est vrai que niveau finesse Martyr en était déjà loin. Je ne sais même pas par où commencer...
On peut débuter par l'écriture et le casting.
Je vais être honnête, les actrices font ce qu'elles peuvent avec un script d'un naturel qui m'a rappelé "the Room" (je vous jure). L'interprétation de Farmer est assez gênante et sa préférence pour Beth tient du malaise. Elle est si peu naturelle que j'ai cru a une mise en scène : j'ai attendu le twist où la psychopathe de l'histoire serait en fait la mère.
J'aurais préféré, après une heure de film dans le vent.


Car c'est là que le film vous prend pour un pigeon. Je n'aime pas être prise pour un pigeon.
Je n'aime pas les grosses ficelles scénaristiques, les deus ex machina, les séquences horrifiques qui se revellent être des cauchemars, des scène douloureusement longues qui ne font pas avancer l'intrigue, les jump scare qu'on attend pendant 30 secondes avec une musique flippante. Ce n'est pas intéressant.
L'ennui m'a même poussé a compter les dits jump scare: en 45 minutes, j'en étais à une dizaine puis j'ai perdu le compte. (je n'ai sursauté qu'a un seul)


La première partie du film a une atmosphère assez étrange. La mise en scène est assez maladroite, le découpage facile et il y a quelque chose dans l'image qui m'a clairement évoqué un téléfilm. La musique, le décor, le montage et les éléments d'horreur sont tous grossiers, déjà vu, répétitif, complétement attendu. Tout est exactement ce que vous attendez d'un film d'horreur, à aucun moment vous n'êtes surpris. Là aussi j'ai cru que c'était voulu, que le coté sous Stephen King soit volontaire, mais non.


Vous serez surpris en revanche de ne pas savoir pourquoi cette petite famille sans aucun background vient s'installer dans la maison d'une tante morte qui ressemble à s'y méprendre a un décor de film d'horreur. C'est trop, poussif, grossier. Ce n'est pas une maison, c'est un décor qui n'a rien de naturel. Ou alors la tatie gérait une maison hantée.
Enfin, passé le début, vous vous demanderez pourquoi Maman Farmer y vit toujours et laisse sa fille timbrées dans la cave. Jusqu'à ce que tout ce que vous aviez vu jusqu'ici soit effacé comme sur un tableau véléda.


Oui c'était faux. Original: c'était un rêve. Long, là encore grossier et laid et en plus ça n'a servi a rien. Et ça a pris la moitié du film. Vous atterrissez dans la maison après l'attaque, on ne sait pas quand et la suite est une succession de séquences longues, stéréotypées, jump scarées, parsemées d'incohérences scénaristiques (alors comme ça on course les flics et quand ils s'arrêtent on leur dit de reculer? Je suis même pas désolée pour vous, les filles)


Le caractère auto référencé à l'horreur est extrêmement pénible, comme si Laugier passait son temps a nous rappeler ses influences. Le plus gênant est encore qu'il se revendique de Lovecraft alors que rien dans le film n'évoque son univers. Jusqu'à ce moment de malaise extrême où Lovecraft himself apparait dans un phantasme de Beth. Du cringe à l'état pur.
D'ailleurs on ne sait pas vraiment où il veut en venir avec ses personnages. Est il critique de Beth qui ne fait rien et reste dans son monde? Parce qu'elle est sacrément peu douée. Les "méchants" parlons en. Là encore des caricatures remachées : les travestis apprécieront une énième comparaison avec un psychopathe, et les handicapés mentaux avec des pédophiles. On a pas osé taper autant dans la caricature depuis 1982. Ils ne font pas peur, n'ont pas de psychologie ni de ligne de dialogue. Et les poupées... On a pas déja fait le tour de la question, vraiment?


On essaie avec force de nous faire croire que le cinéma de genre est un atout de la production française, mais quand je vois ce film et le dernier Bustillo/Maury je me dis surtout qu'on devrait apprendre a se défaire de ce que le cinéma américain nous a inculqué. L'avenir du "cinéma de genre" (terme qui n'a plus beaucoup de sens) ne se fera pas en copiant ce qui a déjà été fait. Je préfère mille fois un film qui essaye d'être original mais qui se plante, à ce genre de pirouette complaisante qui apporte de l'eau au moulin de la critique pour qui l'horreur "est un genre adolescent". Et qui se plantera certainement au box office. Plus globalement, ce genre de film fait du mal au cinéma indépendant français qui ne rend les producteurs que plus frileux encore pour les prochains...

ALeuchat
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le 17 mars 2018

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