Western martien
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le 4 oct. 2018
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J'en avais un meilleur souvenir, mais peut-être dans ces mémoires altérées se cachent les mystères qui rendent cette œuvre de Carpenter si intrigante.
Ghost of Mars offre une plongée captivante dans un monde futuriste où le récit se dévoile par à-coups, tissé à travers des témoignages intrigants de protagonistes jamais tout à fait clairs.
Echo lointain à "The Fog", le film se révèle être un tourbillon d'images fragmentées et de récits entrelacés, où la frontière entre le monde habité par les humain et la zone du dehors devient aussi floue que les brumes énigmatiques du port d'Antonio Bay. Là ou la filiation entre ces 2 œuvres de John Carpenter me semble assez évidente c'est dans la nécessité d'y faire lien. De relier des parcours de personnages séparés, de faire émerger la vérité cachée derrière les témoignages et les paroles.
Créer les liens dans le groupe qui libéreront les personnages déterminés de leurs funestes destins.
Dans un cadre de sauvagerie extrême en rouge et noir, John Carpenter livre l'un de ses films les plus gores, fasciné par les mutilations et l'Art de la Palabre.
Comme d'habitude chez Carpenter, "Ghost Of Mars" est un film où tout est déjà là.
Dès le départ, à la façon de "Escape from New York" le Monde et ses règles nous sont présentés. Sur ces bases posées, ce qui va se révéler au fur et à mesure relève à la fois de la déception (dans une organisation matriarcale le harcèlement sexuel est toujours là) et de la malédiction (le retour des âmes damnées comme les fantômes de The Fog, eux-mêmes rémanence du massacre des amérindiens).
Avant même la contamination par le parasite martien, les protagonistes, qu'ils incarnent le bien ou le mal, semblent être en proie à des forces incontrôlables.
L'héroïne se dévoile en tant que junkie, tandis que les sauvages se révèlent être des illuminés
Comme un avant-gout de l'inquiétant "Cigarette Burns", la drogue émerge comme un élément central et ambivalent, occupant une place prépondérante dans le récit. Carpenter évite judicieusement de prendre un positionnement moral sur cette question, laissant le spectateur confronté à la tristesse de la chair ainsi qu'à la condamnation commune de l'humain et de l'inhumain à évoluer dans un univers sombre et glacial. Au-delà de créer de la tension dans le récit, la drogue c'est aussi ce qui renforce l'isolement des protagonistes dans leur perception de la réalité qui les entoure collectivement.
Comme dans The Fog le besoin de faire lien.
Besoin ici de faire tenir le film.
"Ghost of Mars" est un film morcelé. Mutilé. Un monde inhospitalier où l'humanité se meurt par pourrissement ou charcutage. Il s'agit alors de littéralement recoller les morceaux, ne serait-ce que pour la beauté du geste.
Carpenter est un cinéaste du plan, son montage ne sert qu'à maintenir ses plans entre eux. Ici, je ne sais pas si cela tient à des accidents de tournage ou des imprécisions de conception, mais on sent la lutte au banc de montage pour assembler un objet qui se tienne.
Les raccords en fondus enchaînés ou volets (2 figures particulièrement rares chez John Carpenter) qui vont très bien avec cette idée d'un récit à reconstruire et d'une situation violente découpée brutalement à la hache.
Cependant, des choix discutables émergent, comme le crash répété d'une montgolfière, présenté de manière récurrente dans le même axe en fondu enchaîné. Objectivement laide, cette séquence suscite des interrogations, on sait pas pourquoi c'est là mais ce qui est certain c'est que ce n'était pas nécessaire pour mieux comprendre la situation. Si c'est là c'est donc qu'il y a une nécessité ailleurs.
Et tout le mystère de Ghost of Mars se trouve dans cet ailleurs.
On parle beaucoup dans "Ghost Of Mars. Pour lâcher des punchlines,
"These are my compadres. Uno, Dos, Tres"
Mais la parole y revêt également une importance cruciale, tissée étroitement avec la quête incessante de vérité.
Dire est essentiel aux personnages pour transmettre la vérité et permettre aux protagoniste de reconstruire les fils de causes et conséquences qui mènent à leur situation et ainsi organiser leur lutte en conséquence.
Mais dire ne suffit pas.
Dans cet écheveau complexe de révélations et de découvertes, la franchise seule ne suffit pas. On ne ment pas dans "Ghost Of Mars".
Les rebondissements du scénario, les révélations narratives, ne relèvement pas du mensonge, mais des non-dits, des points d'achoppement entre les protagonistes.
La tentative de rassemblement, de collaboration, entre les personnages se heurte à une réalité impitoyable.
Malgré les efforts pour former une équipe, chaque individu reste isolé dans les limites de sa propre perception, confronté à la solitude dans le plan face à la mort.
Le plan final, écho du Final de "Assault on Percinth 13", malgré son panache de cow-boy, dépeint une réalité déchirante.
C'est une tentative désespérée de construire un couple, de fusionner des êtres humains dans un projet de lutte commune qui porte en lui la tragédie d'un jubilé suicidaire. Le seul espoir restant consistant à pouvoir mourir ensemble et non plus seuls.
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Filmo de John Carpenter :
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Créée
le 17 janv. 2024
Critique lue 6 fois
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