Le paradigme même de ce qu'on appelle un « petit film » par compassion plus que par jugement. Gianni, c'est le prénom du réalisateur, du personnage principal et de son acteur ; et pour cause, ils sont une seule et même personne. Le trio forme, sans égocentrisme, une œuvre où flottent des îlots de scénario sans lien ni consistance et qui n'ont même pas assez de conviction pour être dûment ratés.
Une douce ironie traverse le film de part en part sans vraiment apposer sa marque, et je dis qu'elle est douce parce qu'elle est aussi carressante qu'une rage de dents. Bon, j'exagère ; en fait, Gianni e le donne m'a évoqué une groseille à maquereau, et je ne me risquerais pas à une métaphore si moche si j'avais pu me défaire de l'image ; un fruit appétissant et sucré, mais au goût peu marqué, hésitant, qui nous arrête à la frontière entre indifférence et écœurement. Bien sûr, la groseille et Gianni trouveront leurs adeptes, tout comme j'ai moi-même été charmé par la caméra, souvent au poing au début ; elle donne d'abord l'impression de vouloir nous attacher au caméraman plus qu'à l'acteur, mais cela crée au final une sorte de promiscuité convaincante, un focus sur Gianni quand il n'ose pas trop parler de lui.
Le reste du casting est bon aussi, mais c'est surtout le syndrôme de l'autobiographe qui l'use : Gianni di Gregorio, trop humble, trop effacé, laisse la caméra le prendre en laisse et l'insipidité éclabousser tout le film, ainsi que l'inanité de ses propres répliques, elles-mêmes trouvant un trop bon comparatif dans la musique, son rythme unique et ses mélodies irritantes. Au moins la dernière séquence, qui contient une bonne chanson, nous sort-elle de cette siruposité noyante et libère-t-elle agréablement l'atmosphère. En conclusion, l'œuvre n'est pas tant insupportable par sa médiocrité que par son indécision devant un choix simple : osare o non osare ?
Quantième Art