J’essayerais de ne pas consacrer l’intégralité de ma critique sur mon obsession pour Elle Fanning, qui est l’unique raison de mon visionnage du film. Sans sa gueule d’amour sur l’affiche, aucune chance qu’il aurait attiré mon attention. Peut-être qu’avec sa présence, je manque d’objectivité, de recul sur cette œuvre. Surtout qu’avec sa teinture rousse, je dois dire que qmsujgreqsz mais je digresse. Et je le clame haut et fort : elle est loin d’être le seul intérêt du film. Voilà.
Tout d’abord parce que c’est un drame familial touchant et sans concession, angoissant et sensuel. Prenant place à Londres dans les années 60, cette histoire d’amitié entre deux jeunes filles rappelle tout d’abord le cinéma de Sofia Coppola (ce qui est une sacrée coïncidence, puisqu’Elle Fanning a joué dans « Somewhere » de la célèbre réalisatrice, mais passons). Un rythme lent, attachant et langoureux, où ces deux adolescentes se revendiquent poètes et militantes, parfois les deux en même temps. Car la toile de fond historique a son importance : ici, les sixties c’est pas le côté pop des Fabs Four, c’est plutôt l’épée de Damoclès de la guerre froide, et les familles déchirées par la guerre et la misère. Les trente pas glorieuses, en somme. Du coup, notre très chère duo Elle Fanning/Alice Englert (qui en plus d’être jolies à se damner, nous offrent toutes deux de très bonnes interprétations) ne vont pas garder leur innocence très longtemps, pour le meilleur mais surtout pour le pire.
D’autant plus que tout cela est desservi par une photographie soignée qui met en valeur chaque plan, chaque larme, chaque décor. La lumière est à la fois douce et déclinante, comme un matin d’automne brumeux où l’on a les idées bien moins claires que le fabuleux teint d’Elle Fanning. Le travail esthétique tire sa force d’un équilibre réussi entre sobriété et peinture d’une atmosphère lancinante, parfaite représentation d’une jeunesse désespérée et manipulée par des parents irresponsables et égoïstes. Je ne veux rien révéler, sachez seulement que l’ambiguïté de cette relation générationnelle prend des proportions inattendues.
Au final que lui reprocher ? Peut-être une tendance larmoyante qui, sans être rébarbative, entame quelque peu la subtilité du film. Qu’à cela ne tienne, « Ginger & Rosa » est un drame de qualité, doté d’un propos à la fois historique et universel, intimiste et émouvant. Et Elle Fanning, à ma grande réjouissance, parvient à effacer l’actrice pour incarner un personnage fort, aux angoisses démesurées, mais tout autant que les événements qu’elle subit.