Ce film décrit avec beaucoup de finesse la complexité de l’identité sexuelle. Lara est née garçon mais se trouve désemparée dans un corps qui ne lui correspond pas. En effet, elle a 15 ans et rêve de devenir danseuse étoile. Nous la suivons donc dans cette quête courageuse. La quête d’une identité qu’elle a perdue mais aussi celle d’un projet qui est ralenti par ce corps masculin. Comment réaliser des pointes avec des pieds d’homme ? Lara va-t-elle réussir à danser comme les plus grandes ?
Ce film que j’ai trouvé si juste nous emmène dans les coulisses de la vie de Lara. Ces coulisses où elle se bande le sexe avec un ruban adhésif, où elle regarde son corps chaque jour dans son miroir en espérant un changement soudain, où règne cette solitude accentuée par la cruauté des autres danseuses qui l’observent du coin de l’oeil. Lara veut juste être reconnue comme une femme mais son corps ne se transforme pas à la vitesse qu’elle voudrait. Il semblerait qu’elle ait l’espoir qu’en dansant et qu’en s’infligeant une sorte de torture pour son corps, celui-ci se métamorphoserait.
De plus, la ballerine est en pleine recherche de son attirance sexuelle. L’adolescence est marquée par ces questionnements qui sont très accentués dans ce film et écoutés par son père, sorte d’ange gardien qui est toujours là pour elle. En effet, nous ne voyons pas de mère et Lara semble comblée cette absence maternelle en la remplaçant, tant avec son frère qu’elle traite parfois comme un fils, tant avec son père avec qui elle parle librement. Lara semble être la mère de famille, elle est déjà femme dans sa tête à la maison.
Premier long-métrage du réalisateur flamand Lukas Dhont, il s’inspire ici d’une histoire vraie qu’il avait lue dans un journal. Lukas Dhont fait appel à un acteur exceptionnel pour jouer Lara : Victor Polster. Cet acteur de 16 ans a un visage angélique et très féminin (même dans la vie de tous les jours), il est extrêmement gracieux, danse merveilleusement bien et est donc plus que crédible dans ce rôle de ballerine.
Je vous conseille fortement d’aller voir Girl. Que vous en pleureriez ou en souririez, vous sortirez changés de cette salle. C’est une des plus belles façons d’être sensibilisé aux transgenres, de comprendre que leur choix est extrêmement courageux et encore très mal perçu par la société.