Littéralement : « Le filles seront des filles » ; ce titre sonne comme une malédiction inéluctable dans un pays comme l’Inde où le sort des filles est scellé dès leur naissance.
« Le filles seront des filles », pas sûr cependant quand elles s’appellent Mira…
Mira, c’est l’héroïne, une fille de 16 ans de la grande bourgeoisie indienne qui vit seule avec sa mère, Anila. Celle-ci, comme le veut la tradition, est assujettie à l’éducation de sa fille et à la gestion du foyer pendant que son mari, le père de Mira, s’épanouit en ville dans les affaires. Une femme en manque de vie…
Mira prépare son bac dans un collège huppé pour enfants bien nés, une copie des collèges anglais.
Elle vient d’être promue « préfète » ; ce qui constitue une transgression de genre pour ses condisciples, des garçons pour la plupart.
En tant que préfète, elle est l’interlocutrice des professeurs et des autorités du collège ; elle doit également veiller à la bonne tenue des autres élèves. Mira prend son nouveau rôle très au sérieux, avec rigueur et détermination ; ce qui lui vaut d’être appelée par dérision « proviseure » ou « principale » par certains élèves.
Mais la meilleure élève de son collège est aussi une jeune femme travaillée par les troubles de l’adolescence. Elle va devoir composer avec ses ambitions scolaires, ses exigences de préfète et ses désirs amoureux et sexuels naissants. Elle est séduite par un garçon de sa classe, le beau Sri, un interne originaire de Hong-Kong. Commence entre eux une aventure qui doit rester cachée mais qui n’échappe pas à la vigilance de la mère de Mira.
Avec la même détermination qu’elle met à préparer son bac, Mira prépare méthodiquement son premier rapport sexuel avec Siri.
Pour mieux contrôler sa fille, sa mère invite Sri à venir travailler chez eux. Le garçon, très mature, se joue habilement de la mère de Mira en lui faisant conter ses manques de femme indienne. Un manipulateur ? Peut-être… Comme il le dit à Mira, tout individu est dépendant d’une clé et il suffit de la trouver ; il s’avère quant à lui très fort pour trouver les clés qui lui permet de naviguer entre Mira et sa mère.
Finalement, leur liaison secrète est découverte par un groupe de garçons qui montent une cabale contre Mira. N’en disons pas plus…
Après avoir rompu avec Siri, Mira trouve finalement refuge auprès de sa mère, ce qui donne l’une des plus belles scènes du film - Mira peignant sa mère avec délicatesse et amour - qui nous donne l’espoir que les filles indiennes, ensemble dans la sororité, ne soient pas vouées au sort que la société leur assigne.
De facture cinématographique traditionnelle, avec cependant de très belles images de la région himalayenne où se situe le collège, le film vaut surtout pas l’analyse psychologique très fine des personnages et le portrait très sensible de l’adolescente.
Mira ne s’oublie pas.