Ma vidéo critique sur Gladiator II
Qui aurait cru qu’une suite du premier Gladiator sortirait un jour ? Ils en parlaient déjà peu de temps après la sortie et le grand succès du premier opus mais cela restaient des simples rumeurs avec des noms déjà choisis pour tel ou tel rôle dans l’équipe technique du long-métrage. Et puis, en 2024, arrive finalement cette suite qui faisait parler d’elle avec un aperçu avec une bande-annonce pas trop mal. Après, était-il possible d’espérer une suite à la hauteur du premier opus ? Non. A la fois parce que Ridley Scott perd de sa superbe avec les années en faisant des long-métrages de moins en moins intéressants mais également parce que, faire un opus avec le même impact 24 ans après n’est pas possible. Malgré tout, si vous ne vous attendez pas à un opus du même niveau, cette suite arrive à s’en sortir. Sans être d’une très grande qualité, elle arrive à se regarder malgré une certaine longueur et à plaire un peu, même si on a pas mal de problèmes.
Positif
- Lucius Verus (Paul Mescal) est un homme qui vivait loin mais a été ramené à Rome après la défaite d’une bataille contre les soldats romains afin qu’il combatte dans l’arène pour divertir le peuple. C’est un homme simple qui souhaite juste venger sa femme assassinée de l’homme qui a dirigé cette bataille, Marcus Acacius. On comprend ses envies de vengeance et le fait de ne pas être importé par le sort de Rome, en plus de détester cette cité, quand on sait ce qu’il a vécu et qui il est réellement. Après, en tant que nouveau protagoniste, il n’est pas trop mal à suivre avec son développement pour accepter ses origines et se venger.
- Lucilla (Connie Nielsen) est la fille de Marc Aurèle, ancien empereur de Rome. C’est une femme qui a du faire des choix difficiles mais qui tente de vivre tranquillement sa vie à Rome tout en continuant de nourrir ses envies de liberté du peuple comme son père le voulait. C’est une femme attachante dont on comprend les choix et la peur qu’elle a pour son fils.
- Macrinus (Denzel Washington) est un seigneur qui achète des esclaves pour qu’ils combattent dans l’arène en son nom et qu’il gagne ses paris. On pourrait le prendre pour un personnage mineur mais, en vérité, plus on avance, plus on apprend à le connaître et plus il en devient intéressant. Sans compter le fait que son intelligence lui permet d’obtenir tout ce qu’il veut, ce qui le rend d’autant plus menaçant car la plus grande force peut résider dans l’intelligence chez certaines personnes.
- Marcus Acacius (Pedro Pascal) est un général au service de Rome et des Empereurs. C’est un général de guerre qui n’hésite pas à se battre pour tenter de sauver le plus de vies et un général respecté du peuple. Malgré les méthodes, c’est aussi un homme qui veut croire en l’avenir de Rome et fonder une meilleure société que ce qu’on leur donne. Franchement, c’est un bon personnage. Il est attachant par ses intentions et on a envie de le soutenir parce qu’on voit bien qu’il ne prend aucun plaisir des hommages et des jeux en son honneur, seul le peuple et ses soldats comptent avant tout pour lui.
- L’Empereur Geta (Joseph Quinn) et l’Empereur Caracalla (Fred Hechinger) sont des jumeaux et les empereurs de Rome. Ce sont des hommes qui mettent le divertissement de leur Colisée et des combats en priorité tout en délaissant le peuple de Rome et ses soldats qu’ils aiment sacrifier pour se satisfaire. Ce sont deux être absolument détestables et, même si ils n’arrivent pas à la hauteur de Commode, il faut reconnaître qu’ils sont assez détestables et problématiques pour la société de Rome. Ils n’ont pas de réel développement en dehors que l’un est plus gamin que l’autre (ou fou, ça dépend de comment on le voit) mais ils marchent en tant que nouvelle menace.
- En terme de symbolisme, on a des éléments intéressants. Bien entendu, on retrouve la notion de liberté à travers le peuple de Rome qui peut avoir le pouvoir en se battant contre l’oppresseur, inspiré par Lucius et ses combats qu’il remporte, le divertissement avant les besoins du peuple de l’Empereur (bonne critique des spectateurs et producteurs qui laissent le divertissement prôner sur la qualité) ou encore Maximus qui inspire Lucius. Bref, les éléments de symbolisme sont intéressants à suivre ici.
- Si on oublie le texte du début, l’introduction est pas mal en soi. Elle nous montre Lucius profitant tranquillement de sa vie avec sa femme jusqu’à ce que les romains les attaque et qu’il perde sa femme. C’est une introduction efficace pour nous donner envie de savoir comment il en est arrivé là et pourquoi il est si déterminé à se venger.
- La fin est un gros clin d’œil très connu du premier opus mais c’est une fin qui a du sens. Maintenant que Lucius a accompli ce qu’il devait faire en tant que gladiateur, il tente de demander un conseil pour un nouveau rôle auprès d’une personne dont il n’a rien demandé. En vrai, la fin est pas si mal.
- On a une relation mère-fils un petit peu montrée qui se déroule de manière intéressante malgré les erreurs de la mère (même si on la comprend dans ses choix) ainsi qu’entre Lucius et son mentor Macrinus qui évolue de manière intéressante avec les intentions personnelles de chacun.
- Si on excepte l’action qui n’est pas mauvaise malgré quelques plans un peu aléatoires, la mise en scène s’en sort bien. On a des plans travaillés avec un certain détail de l’analyse de certaines séquences. Peut-être pas parfaite mais ça reste une mise en scène pas trop mal ici.
- Question évolutions, on en a plusieurs. Que ce soient les empereurs jumeaux qui prennent peur de leur peuple, Macrinus qui dévoile des intentions particulières ou Lucius avec son parcours et son héritage. En tout cas, ça laisse place à des évolutions assez intéressantes.
- Peut-être est-ce dû à Napoléon mais la photographie est réellement belle ici. Les plans de jour sont vraiment assez jolis à voir en terme de photographie et ceux de nuit passent sans trop de souci. C’est un détail mais la photographie passe réellement bien ici.
- Les musiques sont magnifiques. Réentendre les musiques du premier opus et les nouvelles du deuxième sont un véritable régal pour les oreilles tout en collant bien à ce qui se passe. Sincèrement, les musiques sont un des plus gros points forts de cette suite.
- L’espèce de générique d’ouverture avec des extraits du premier opus en dessins n’est pas une mauvaise idée. Certes, ça peut faire brouillon ou dessins d’enfant mais si on part du principe que c’est du point de vue de Lucius enfant, ça passe.
- C’est surtout le cas dans les derniers actes mais l’inattendu fonctionne. On arrive à être surpris par pas mal de choses qui se déroulent lors du premier visionnage, pas tout mais certaines choses quand même.
- Disons le, la majorité des acteurs et actrices s’en sortent dans leurs rôles. On peut reprocher une ou deux performances mais la majorité s’en sort, surtout Denzel Washington qui est le plus investi du lot.
- Question costumes, ça s’en sort bien. Chaque costume de ce long-métrage est convaincant en fonction du personnage concerné, on arrive réellement à y croire.
- Les décors sont assez sympathiques. Même en dehors des arènes, les décors restent visuellement travaillés et intéressants.
Négatif
- Le coup du texte pour nous résumer la situation de Rome n’est pas une mauvaise idée mais elle était dispensable. En fait, on aurait pu largement mieux comprendre la situation si la scène d’introduction avait été le flashback d’après la mort de Maximus ou directement Lucius dans son nouvel environnement sans le texte, ça aurait fait une meilleure introduction.
- Là où la plupart des acteurs s’en sortent pas trop mal (sauf Derek Jacobi qui donne l’impression de s’être perdu sur le plateau), ce n’est pas totalement le cas de Paul Mescal. Attention, il n’est pas mauvais à proprement parler mais on sent qu’il a du mal dans les premières séquences à totalement s’investir dans son rôle. Heureusement qu’il se rattrape un peu après.
- Ne nous mentons pas, on retrouve quand même quelques similitudes avec le premier opus. Le coup de la femme du protagoniste tuée, l’envie de vengeance, le mentor qui prend notre héros sous son aile… Malgré des derniers actes qui changent un peu la donne (et, de ce fait, est plus intéressant), on sent que cette suite se repose un peu sur le premier opus.
- Ridley Scott devient un gros fan de ralentis ? Non parce que là, on en a pas mal dans certaines séquences et ça ne raconte pas grand-chose. Certains moments passent avec les ralentis, comme un des entrées dans l’arène de Lucius, mais pas la peine d’en mettre autant pour faire joli.
- Le coup de la caméra tremblante quand Lucius descend voir un hommage à Maximus, c’est le seul point de la mise en scène réellement critiquable. Sincèrement, ce passage nous donne une mise en scène un peu tâche par rapport au reste, c’est dommage.
- Mine de rien, il y a des moments où on a l’impression que le long-métrage traîne un peu. C’est un détail mais il y a des moments où on a l’impression que ça traîner, alors qu’il est moins long que le premier et que le premier ne nous donnait pas cette sensation.
- On ne croit pas vraiment à la tension. Malgré le nombre de morts et la violence des combats, c’est difficile de croire à la tension que le long-métrage essaye de nous apporter, même envers notre protagoniste.
- Question émotion, ce n’est pas très marquant. Ils ont beau essayer de nous faire des passages pour nous impacter, il est un peu difficile de ressentir de l’émotion pour les personnages.
!!! PARTIE SPOIL !!!
On apprend que Macrinus fait tout ce qu’il fait pour prendre le pouvoir sur Rome et faire tomber la cité. D’où le fait qu’il manipule pour avoir plus d’influence, avoir des informations, gagner la confiance des empereurs et les tuer, tuer Lucilla… Tout ça parce que, par le passé, il avait été esclave et marqué par Marc Aurèle et chercherait à le faire payer en faisant tomber sa cité. Clairement, quand on voit ça et les derniers actes, c’est largement le meilleur personnage du film. Surtout que ça apporte un affrontement intéressant entre deux hommes que Rome a trahi mais dont l’un veut tenter de la sauver avec le rêve de son grand-père auquel il veut redonner de l’espoir et l’autre qui ne cherche que la vengeance mais par son intellect.
On pourrait se demander d’où viennent ces fameux empereurs jumeaux. En vérité, on apprend l’histoire d’une louve qui aurait adopté deux orphelins qui auraient été corrompus et on pourrait le prendre comme la présentation des jumeaux. Peut-être que Lucilla a voulu leur donner une chance dans la famille et qu’ils ont fini par prendre le pouvoir. Après, ce n’est pas dit explicitement et ils n’ont pas l’air de se connaître mais, vu la légende, ça ne serait pas impossible.
Cette fois, Ridley Scott n’a pas voulu rester dans la subtilité. Là où le premier opus montrait Maximus qui voit les siens chez lui afin de symboliser son paradis, ici il illustre la mort de la femme de Lucius par la mort qui emmène sa femme sur une barque loin de lui sur l’eau. C’est probablement une référence à Charon qui emmène les âmes dans les enfers mais c’est moins subtil et recherché malgré une certaine identité visuelle.
On se demande tous comment Lucius a pu se retrouver là et, en vérité, après la mort de Maximus, Lucilla a envoyé son fils en exil pour le protéger des éventuels assassins vu qu’il est le seul héritier restant du trône, ce qui est compréhensible. Il ne lui restait plus que son fils, il est normal qu’elle ait peur qu’il se fasse tuer, surtout avec la mort du symbole de la liberté.
Au final, Gladiator II sera obligatoirement une déception si vous vous attendiez à une suite au niveau du premier opus. Cependant, ce n’est pas une mauvaise suite pour autant, malgré ses nombreux défauts, c’est une bonne suite qui se regarde. On a une mise en scène plutôt pas mal, des acteurs et actrices investis dans l’ensemble, des musiques travaillées et du symbolisme intéressant. Après, il est vrai que la plupart des choses nous rappellent un peu le premier opus, qu’on a des sentiments de longueur et que certains points de mise en scène sont critiquables. Il est possible que cette suite va diviser mais, en vérité, cette suite peut se regarder malgré qu’elle n’était peut-être pas nécessaire ou qu’elle est sortie trop tard.