Bon, dire qu'elle était inattendue est un peu exagéré puisqu'on en parle apparemment depuis plus de vingt ans... mais de là à imaginer que ça se serait finalement concrétisé ? Et en plus de ça, c'est bien ?
Pour faire simple, Gladiator II (titré GladIIator dans son générique de début, très réussi) reprend à peu près tout ce qui a fait le succès du premier, mais en plus démesuré, plus gros, plus généreux.
Des grands comédiens (mention spéciale à Denzel Washigton, délicieusement détestable), des costumes et décors d'exception, une ambiance musicale décente qui reprend les grands thèmes du premier signé Hans Zimmer, de l'action de qualité...
Le film est un peu long à démarrer, et après une bataille d'ouverture assez réussie, nous fait craindre une chose : que l'histoire soit une redite du premier film. Fort heureusement, ce n'est pas le cas, car si le contexte de base (un soldat devenant gladiateur suite à un évènement tragique) se répète, la suite est plutôt inédite. Gladiator II nous propose initialement une quête de vengeance du personnage principal (incarné par Paul Mescal, excellente découverte pour moi), avant de nous faire embarquer dans des montagnes russes pleines de rebondissements, de complots, de trahisons, d'émotions. Tout est fluide, tout fonctionne bien et est saupoudré de scènes d'action bien filmées et lisibles, et plutôt originales dont une bataille navale assez atypique. L'histoire arrive à nous faire passer par un ensemble d'émotions, joue avec divers codes dont l'horreur (les singes), et Ridley Scott prend un malin plaisir à filmer la folie des Empereurs (mais pas que), leur décadence, leur soif de sang... et du sang, il y en a !
Pour donner vie à cette histoire, il fallait des acteurs à la hauteur et on est servi, le casting est plutôt prestigieux et bien dirigé. Les personnages sont intéressants et bien écrits. Bien évidemment, des libertés ont été prises d'un point de vue historique, l'histoire du film et ses personnages étant avant tout une vision fantasmatique de Ridley Scott. Mais force est de constater que ça fonctionne, notamment grâce à des costumes et décors très bien réalisés. Si on exclut quelques plans larges où le numérique peut se voir, l'ensemble est franchement réussi. Les effets numériques utilisés pour une partie du bestiaire font hélas parfois défaut, ce qui est dommage avec un tel budget. (entre 250 et 300 millions, apparemment)
Pour rester sur les points négatifs, on peut aussi regretter quelques erreurs grossières comme la présence d'écritures en langue anglaise à côté d'écritures en latin sur des murs, quelques anachronismes, des raccords pas toujours parfaits au premier film (notamment vis-à-vis du personnage de Maximus) ou une bande originale pas forcément marquante, en dehors de la réutilisation des thèmes mémorables du premier film. On notera aussi une fin très vite expédiée, qui annonce un troisième film.
En résumé, c'est pour moi un succès, une bonne suite qui reprend les bases posées par le premier film 24 ans auparavant, en évitant de faire l'erreur de trop se répéter. Une technique quasi irréprochable, une histoire prenante aidée par des acteurs investis, de l'action plaisante et bien mise en scène. Gladiator II a de nombreux arguments à faire valoir et est une réussite.