Fresque baroque et monumentale, Gladiator II cherche à marcher sur les pas de son prestigieux aîné, mais n’y parvient que très partiellement.
Formellement, Ridley Scot livre de gros morceaux de bravoure, des scènes d’action dantesques et impressionnantes (malgré quelques CGI affreusement laids). L’objectif est clairement d’en mettre plein la vue, pour preuve, ce tour de force lorsque le réalisateur reproduit une monstrueuse bataille navale en plein cœur du Colisée. Visuellement, il envoie du lourd. Là où le bât blesse, c’est dans son scénario, décalque du premier film en moins ample et moins travaillé.
L’intrigue est poussive, sans doute embarrassée par la trop grande déférence porté envers le film original. Gladiator II ne s’en éloigne pas suffisamment pour créer sa propre mythologie. Ou quand il le fait, quelque chose cloche, ça sonne faux. Alors que le Maximus de Russell Crowe nous emportait dans une quête héroïque aussi personnelle que politique, le destin de Lucius nous laisse froid et dégage quelque chose d’artificiel, orphelin du souffle épique du premier opus. Tout est beaucoup trop appuyé, signifié, en particulier les références à Gladiator, qui entraine parfois le film dans un sentimentalisme peu approprié.
Par ailleurs si le premier film nous faisait habilement croire qu’il s’inscrivait dans une réalité historique, Ridley Scott n’essaie même plus de cacher ses anachronismes (On a pu voir avec Napoléon qu’il n’en avait plus grand chose à faire).
Cependant, et malgré ses longueurs, Gladiator II reste divertissant. Il le doit notamment à l’abatage d’un Denzel Washington en très grande forme, cabotinant avec un bonheur non feint dans ce rôle de grand méchant manipulateur. Il fait un peu d’ombre à Paul Mescal, qui ne démérite pourtant pas, aussi à l’aise en jupette et le glaive à la main que dans les drames indé. L’acteur tente d’insuffler un peu d’émotion à ce gros péplum boursoufflé, un peu vainement malheureusement.
Loin d’avoir l’impact de son prédécesseur, Gladiator II assure donc le strict minimum et rejoint la longue file des suites dispensables.