Ce concept va en surprendre plus d'un: en effet ceci est une non-critique du film. Non-critique car je refuse de voir ce film. En revanche, j'écris pour vous enjoindre à ne pas le voir. En effet, le film a beau être sorti depuis 4 mois, si je peux encore empêcher certains de payer leur place, ce sera une (petite) victoire.
Pour resituer mon rapport au premier Gladiator, il fait partie de ces films qui m'ont fait aimé le cinéma. Pour cette raison, et bien que mon appréciation ait baissée en grandissant, j'entretiens encore un rapport presque sacré à ce film. Je connais encore certaines répliques par coeur, et certains moments restent gravés dans ma mémoire. Alors, pourquoi un telle hargne vis-à-vis d'une suite tardive de 24 ans?
Tout d'abord, et principalement, car le cinéma de Ridley Scott constitue pour moi le symbole d'une longue agonie, comme un cheval qui aurait raté une haie. J'ai défendu chacun de ses films jusqu'au dernier duel (même Prometheus, oui, oui). Mais là, je ne peux plus. J'en ai assez de voir un homme se complaire à étalé son état d'esprit nihiliste et teinté de morbidité sur la pellicule. Son délire eschatologique bizarre commence à me sortir de partout. Vous allez me dire: jusque là, tu ne fais qu'exprimer une opinion; il y a des personnes qui apprécient ce genre d'ambiance moribonde.
Le problème que ça soulève, et ce sera mon second point, c'est qu'aller voir la suite d'un film ayant ressuscité un genre qui symbolise l'action dans ce qu'elle peut avoir de plus vivifiante, alors que celle-ci s'inscrit dans le cynisme et la haine de l'humanité toute entière revient à voir un gars se mutiler pendant deux heures: passer la curiosité un peu voyeuriste, et le malaise initial, on devient surtout blasé, et on regarde le spectacle avec détachement.
Enfin, qu'on arrête de soutenir le père Scott afin de ne plus avoir de ses nouvelles. En toute franchise, qu'il retourne à sa retraite au lieu de faire le vieux bougon provocateur. Qu'il arrête de détruire tout ce qui a pu faire sa grandeur et sa renommée, à une époque. Qu'il arrête, ça fera du bien à tout le monde.