Suite de l'excellent Knives Out, Glass Onion nous propose la nouvelle enquête du meilleur détective du monde, Benoit Blanc. Seul sur une île, entouré de bourgeois insupportables, Daniel Craig se trouve à devoir élucider un meurtre. Alors, bon film ou syndrome de la suite ratée ?
Pour faire simple, Glass Onion reprend les codes les plus classiques du polar façon Agatha Christie ; des suspects haut en couleur, une affaire complexe, des retournements de situation,... Et comme dans le premier opus, Rian Johnson s'en sort très bien.
Ce genre de films repose en premier lieu sur la personnalité des personnages. Et ici, c'est très réussi. L'introduction de Glass Onion est efficace et nous présente en quelques instants les différents protagonistes, du masculiniste anti woke à la starlette des réseaux. Edward Norton incarne une excellente parodie du guignol manitou de la tech bon à rien, à la Elon Musk. Daniel Craig, quant à lui, cabotine tout le film. Ce petit monde suffit largement à tenir en haleine le spectateur pendant 2h20.
Évidemment, de bons personnages, incarnés par des acteurs solides, ne suffisent pas à réaliser un film d'enquête remarquable. Heureusement, l'histoire qui lie ces personnalités se révèle très bien troussée et plausible : dans Glass Onion, pas de twists tordus ou de Deus ex machina sortis de nulle part. Toute la solution de l'enquête repose sur une très bonne idée : inviter le spectateur à changer de point de vue. Le début du film nous engage à considérer le personnage de Miles "Musk" Bron comme un génie. Alors que Benoit Blanc en vient à résoudre le mystère en considérant le présumé génie comme le tocard qu'il est. Ce serait d'ailleurs une bonne chose qu'on se mette tous d'accord sur le fait que Elon Musk est une fraude. Mais c'est un autre sujet.
Comme dans Knives Out, on jubile donc à suivre le simple détective (cette fois-ci accompagné d'une acolyte) ridiculiser un tas de bourgeois méprisants. On ricane quand ces derniers se décrivent comme des disrupteurs, abusent de néologismes ou se trahissent. Les puissants deviennent les dindons de la farce et on ne saurait bouder notre plaisir. Une bonne leçon à en tirer ? Cessons de surestimer les bourgeois. Soyons un peu tous des Benoit Blanc.
Malheureusement, Glass Onion n'est pas au niveau de son prédécesseur. Le fait que le film tende vers un côté plus humoristique, avec un Daniel Craig en roue libre, n'est pas une mauvaise chose. Mais on pourra tout de même regretter une fin qui verse presque dans le n'importe quoi. L'explosion de la villa semble exagérée tout comme le changement d'opinions des témoins. Ce dernier quart d'heure vient un peu gâcher la cohérence des deux heures précédentes. Finalement, on sort du film avec le sentiment amer d'une fin expédiée qui ruine les efforts qui ont été faits pour offrir aux spectateurs un polar crédible.
Pour conclure, Glass Onion est un très bon polar avec des acteurs convaincants et une intrigue bien tenue, qui amène habilement le spectateur à changer de point de vue sur ceux qu'il pouvait admirer précédemment. Le film est finalement gâché par un dernier quart d'heure qui manque de cohérence avec le reste.