Un film bien loin du romantisme mélancolique du Nid de gentilhommes, mais qui d'une certaine façon est très russe. Il décrit en effet la Russie des nouveaux riches, et pas n'importe lesquels, ces milliardaires plus ou moins liés (plus que moins, parfois) aux mafias locales., mais aussi plus largement cette société attirée par le paraître. Gloss c'est ce rouge à lèvres un peu particulier qui rend les lèvres brillantes, mais aussi plus généralement le brillant, le clinquant de cette société de nouveaux riches (maintenant, on dit bling bling).
Le film arrive à surprendre, car au départ on pense avoir affaire au parcours d'une jeune fille pensant pouvoir faire une carrière de mannequin à Moscou , avec deux options : la descente aux enfers d'une jeune fille naïve , ou bien le parcours d'une ambitieuse, prête à tout pour réussir. Il ne choisit aucune de ces options (il est assez près de la seconde, mais sans tout à fait s'y conformer)..Il semble aussi parfois abandonner certains personnages en route (c'est le cas en particulier de la rédactrice du magazine de mode, qui sort complètement du récit sans crier gare, même si on l'aperçoit brièvement lors d'une scène de réception ou de cocktail), un peu comme s'il passait d'une ambiance à une autre sans trop de transition.
Sans être une comédie satirique, le film est une charge assez féroce. On pourra trouver que Kontchalovski a parfois la main lourde avec des moments plutôt excessifs (les parents, de vraies loques, le couturier simili-Lagerfeld, quelques personnages secondaires), mais la satire porte (je ne connais pas assez la Russie pour savoir jusqu'à quel point ça frappe juste).
Il y a dans ce film quelques brefs moments oniriques, sans que ça vire au surnaturel. Les dernières scènes semblent tirer le film vers le drame, mais les images finales, au début du générique de fin, démentent ça.
Très bonne interprétation.