Tandis qu'une certaine chaîne de télévision célèbre la Coupe du Monde en s'entourant des meilleurs spécialistes du ballon rond - j'ai nommé M. Pokora, Cristiana Reali et Teddy Riner - je profite de ce concours de banalités pour songer aux presque 2h20 subies cet après-midi devant ce "Goal of the Dead".
L'oeuvre est découpée en deux parties, deux mi-temps, chacune ayant un réalisateur attitré (respectivement Benjamin Rocher et Thierry Poiraud). Une idée originale et très mal exploitée hélas. "Prince des Ténèbres" et "Shaun of the Dead". Le premier, même si je suis mitigé sur son cas, possède nombre de qualités, à commencer par sa mise en scène. Le second est un modèle d'humour british dans un contexte d'invasion zombie. Si j'évoque ces deux films, c'est parce que "Goal of the Dead" y fait indubitablement penser, à un détail près toutefois: la paire de réalisateurs n'est pas Carpenter-Wright, au grand dam du spectateur. Conséquence de cette triste réalité, c'est filmé n'importe comment, l'action se déroule quasi-exclusivement hors du terrain, et c'est même pas drôle.
La première partie sert avant tout à poser les clich...les personnages, ainsi qu'un début d'intrigue avant le feu d'artifice de la deuxième partie, davantage centrée sur l'action. Pour la faire courte, l'Olympique de Paris (!) se rend à Capelongue afin d'affronter le club local. Bien entendu, la rencontre va dégénérer, la faute à une horde d'infectés venus jouer les hooligans qui vomissent et qui croquent. Oui, un peu comme les vrais, je le concède. Résumons: j'ai failli arrêter le visionnage dès la fin de la première partie. C'est monté n'importe comment, les effets se multiplient gratuitement, au détriment de la lisibilité. Tony Scott n'a qu'à bien se tenir, je suis sûr qu'en voyant ça il aurait fait une crise d'épilepsie, paix à son âme. La deuxième mi-temps relève le niveau question réalisation. La caméra est plus posée malgré l'action, quelques scènes surnagent, on sent un effort sur la photo et puis une paire de trouvailles ressortent péniblement. Mais les enjeux ont été si mal posés par la première partie, que le mal est déjà fait: ce qu'il arrive aux protagonistes ? On s'en fout ! On attend déjà la troisième mi-temps !
Ahmed Sylla est de la partie, bizarre, pour moi c'est plutôt Alban, le noir. Bruno Salomone passe même dire coucou et repartira assez vite avec son chèque. Tandis que le premier but du Mondial est l'oeuvre d'un brésilien contre son propre camp, donnant le ton quant à la suite des évènements, je retourne à mes pensées. Bon sang, le personnage de Jeannot, la brute, est hideux. But du Brésil ! Quand y'a Neymar, y'a l'malabar, l'expression prend un tout autre sens en ce jour magique ! Pour le reste, les dialogues sont au ras des pâquerettes, il y a bien une paire de séquences prêtant à sourire, mais la plupart du temps, elles tombent à plat. Alban Lenoir je l'aime bien, mais là il fait du Alban Lenoir. Si vous avez déjà vu Hero Corp, ben là, pareil, Klaus quoi. Salomone fait aussi du Salomone, je m'attendais presque à un "cochon d'inde" entre deux répliques (séquence nostalgie: http://www.youtube.com/watch?v=s0HUvq2pZ78 ). Ahmed Sylla ne fait pas du Ahmed Sylla: cette fois il n'est pas drôle, et son personnage est tellement mal écrit et cliché qu'il devient très vite insupportable.
Je suis le premier à défendre un film français lorsqu'il possède de véritables qualités. Une histoire bien ficelée, des acteurs convaincants, une mise en scène léchée, des effets maîtrisés et servant réellement un propos. Rien de tout ça ici, si ce n'est une succession de fautes. Carton rouge pour le tandem de réalisateurs donc. Dommage que seul le spectateur soit exclu.