Il n’y a pas si longtemps, me semble-t’il des mois, Goal of The Dead a fait une arrivée tonitruante sur un site de crowdfunding, ce qui est fort compréhensible étant donné le pitch absurde et le potentiel d’une rencontre zombies contre joueurs de foot. Qui plus est comme nous le disions récemment dans une brève à propos de The Hunting Games, le cinéma de genre français est toujours et encore en retrait, la faute aux producteurs qui n’y croient pas et préfèrent financer des comédies de merde avec Kad Merad ou Max Boublil. En somme on retrouvait avec Goal of The Dead les deux éléments qui font cruellement défaut chez nous, l’horreur et l’absurde. Manque de bol, à peine la bobine démarrée on sent que le projet indépendant ne l’est plus du tout et semble être une vitrine publicitaire pour Canal+. « Canal + présente… », Canal + placardé partout, même sur les écrans de télé, et évidemment le film est sorti d’abord en exclusivité sur le site de VOD de la chaîne. Ou plutôt devrais-je dire deux films car celui-ci est divisé en deux métrages sur le bluray, un pour la première mi-temps et un autre pour la seconde. Assez étrangement la production a choisi ce style « double feature » à la Grindhouse, sauf que c’est plus cohérent lorsqu’on fait un film d’exploitation, pas une comédie horrifique qui pue le fric. Pirouette qui ne vous fera toujours pas aimer la VOD, les deux mi-temps ne sont disponibles que séparément, vous obligeant à passer à la caisse deux fois, malins les gars ! Autant se rabattre sur le bluray qui ne vous coutera que quelques euros de plus, enfin si vous êtes tenté de l’acheter après avoir lu cette critique — à noter cependant qu’une version VOD compilant les deux sera disponible le 26 juin 2014. Quoique acheter le bluray ne sera de toute façon pas recommandable, celui arborant fièrement « notre Shaun of The Dead National », ce qui est aussi insultant pour Shaun of The Dead que pour les français qui passent pour des gros étrons du genre. Oui, de gros étrons, car un tel fiasco cinématographique n’a de comparable que la défaite des bleus durant le Mondial 2010 (ou l’Euro 2012, à vous de choisir). On lance la bobine et on ne sait pas trop à quoi on a affaire, c’est pas drôle, c’est pas gore, les zombies sont d’un chiant sans limite (ils courent après les gens en leur vomissant à la gueule du lait concentré sucré, les faisant à leur tour cracher de cette horreur, ce qui est la pire chose au monde, la seconde étant d’en manger). Pire, on ne sait même pas à qui s’adresse le métrage tant il est caricatural et con, et pourtant c’est un anti-foot qui vous le dit, c’est dire ! Le premier volet se boucle assez vite, évidemment les choses ne démarrent qu’à la fin, et si vous pensiez qu’un film de 67 minutes était court, enlevez-y 10 minutes à cause du plus long générique de fin de l’histoire du cinéma français.
Deuxième période, on prend les mêmes et on recommence, et tout est toujours aussi mal foutu et bâclé avec beaucoup de blabla, des courses poursuites ennuyeuses, quelques scènes d’action ratées (la dernière au ralenti sur le stade vaut son pesant de cacahuètes en terme de montage primate), et comme on a oublié de le préciser plus haut, des acteurs aussi concernés par le film que l’est Barack Obama par de la condition féminine en Ouganda. ENFIN on a un peu de gore car les protagonistes comprennent à un moment que les zombies faut se les faire, hélas les CGI Syfy-style font leur entrée, ce qui est assez dommage car la seule chose positive de l’ensemble était des CGI assez convaincants lors des quelques effets sur les tronches des zombies. On a même un peu honte que Thierry Poiraud soit à la tête de cette seconde partie car bordel il avait fait Atomik Circus ! (qui lui au contraire prouvait que les frenchies pouvaient faire du craignos monster débridé !)
Goal of The Dead se révèle donc être la purge de l’année, rivalisant même difficilement avec les plus mauvais films du genre style Zombie Nation d’Ulli Lommel. On comprend difficilement comment avec un pitch de base on a pu se retrouver en face d’une telle débandade, n’arrachant au mieux q’un ou deux rictus ça et là, enfonçant bêtement les clichés plutôt que les équilibrer et éludant totalement le côté horreur. Heureusement que ça n’est pas cela qui nous représente au Brésil, ça nous évitera de passer à nouveau pour des cons…
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le 19 juin 2014

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