Stuart Murdoch n'est clairement pas un cinéaste. De sa photographie assez immonde à ses dé-cadrages permanents, God Help the Girl ne respire pas la maîtrise formelle ; mais issue de Kickstarter et distribuée en catimini, cette petite comédie musicale affiche néanmoins une cohérence spectaculaire dans la maladresse, tempérée à l'autre extrême du spectre par la pop maniaque de Belle and Sebastian. Si tout n'y n'est pas complètement dénué d'esprit de cinéma, en témoignent ces micro-décrochages temporels inscrits profondément à même le montage, c'est bien le DIY qui domine ce Glasgow resserré sur une poignée d'aspirants musiciens, tristement lucides, traversés de pathologies lourdes et de troubles divers, mais toujours filmés avec pudeur et sans le moindre misérabilisme. Le ton est juste, les acteurs font le job, la bande-originale est un magnifique condensé de pop baroque : c'est clairement pas en route pour les oscars (en même temps c'est tout le mal qu'on souhaite au cinéma sauvage de l'ère numérique) mais c'est délicieusement rafraîchissant, doucement cynique, et surtout sans aucune prétention. Sucré et confidentiel, God Help the Girl se donne généreusement sans jamais faire mine de se mériter : un premier essai enthousiasmant à défaut d'être aussi mémorable que son potentiel ne pouvait le laisser espérer.