Une vraie claque dans son genre. Je ne m'attendais à rien de tonitruant mais c'est bien pire que ça, ce que j'ai vu dépasse largement tout ce que j'étais en capacité d'imaginer. Un vrai voyage à Nanarland comme je ne me doutais pas qu'il fût encore possible d'en faire en 2024. Franchement merci Mr Steeds pour ce moment de divertissement d'une "fraîcheur" déconcertante. Le but n'était probablement pas de me faire rire mais ce fut la conséquence tout de même, conséquence finalement bienheureuse vis-à-vis de laquelle je devrais pourquoi pas me montrer plus reconnaissant... Mais en fait non.
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Gods of the deep, c'est donc une vague histoire d'expédition sous-marine destinée à percer le mystère d'une construction d'origine supposée humaine au fond de l'océan, à ces profondeurs où la vie, en théorie, ne peut se développer. Dès le début, notre équipe de scientifiques éclairés sent le danger d'une telle mission ; dès le début, le spectateur éclairé sent le danger d'une telle proposition. Concrètement, ça va très vite (tout va très vite de toute façon, pas le temps d'expliquer grand-chose pour plier l'affaire vite fait) se transformer en une revisite d'Alien (oui mais sous l'eau ! donc rien à voir en fait hein) mâtinée de deux pauvres références lovecraftiennes avec à peu près deux mille balles de budget - je soupçonne le producteur, s'il y en a un, d'avoir dû vendre sa bagnole pour financer le délire - et le soutien de deux potes techniciens. J'aurais vraiment aimé assister à cette scène où un jour, à la lecture du scénario, un décideur quelconque s'est écrié : «Banco ! On y va !». Mais bordel c'était quoi l'ambition de départ de ce truc ?! Tout y est ridicule du début à la fin, de l'agonie involontairement parodique du personnage de Gordon (oui ça spoile mais franchement on s'en fout) à ce "monstre" (en fait un morceau de chair prélevé sur un autre monstre bien plus imposant) qui tentera régulièrement de se faire remarquer et de manifester son hostilité en agitant plus ou moins nerveusement cet unique tentacule lui servant a priori autant de bras que de langue (on devine le gars de "l'équipe" technique - donc ou Steve ou John - caché sous la table en train d'essayer de donner vie au bazar avec... un bâton par exemple... ou une règle en fer peut-être).
Mais le vrai génie de ce naufrage, ce sont ces dialogues inconsciemment métaphoriques commentant en temps réel la catastrophe en cours lorsque, par exemple, les acteurs... je veux dire les personnages se plaindront d'être livrés à eux-mêmes, nous préviendront de nous attendre à l'inattendu (ah ça !) ou s'effraieront de voir leur bathyscaphe continuer à couler toujours plus profondément sans pouvoir rien y faire.
Je croyais jusque-là que le War-Gods of the Deep de Tourneur (inspiré de Poe, lui) s'était déjà dangereusement approché du fond mais je dois bien maintenant relativiser. Il en était en fait encore loin ; je le sais désormais que j'ai vu Charlie Steeds s'y écraser.