Opération kamikaze avec une nouvelle vision du Godzilla de Roland Emmerich, bien des années plus tard. Avec le recul, et le temps faisant prescription, c'est toujours amusant de voir la genèse de tels films. Ici, Emmerich était le roi du monde après le triomphe d'Independance Day, et il s'est jeté sur ce film, dont il n'aimait pas pourtant la version originelle de 1954, parce que son comparse Dean Devlin en était plus fan. C'est donc pas très motivé par le sujet, mais plus par la liberté octroyée après ID4, qu'il s'y lance, et effectivement, on sent un non-amour pour la bestiole, dont les films japonais nous la montraient sous toutes ses coutures. Ici, elle a un temps de présence plutôt réduit (une dizaine de minutes), au profit de ses enfants miniatures échappés des œufs que Godzilla a pondus.
Autant dire que Godzilla version 1998 est toujours autant faiblard qu'à sa sortie, la faute à des acteurs mauvais comme c'est pas possible, Jean Reno remportant la palme du jemenfoutisme, mais ce qui m'a frappé à cette vision, c'est la violente critique de Roland Emmerich, à la fois contre les Français et les Américains. Pour les Frenchies, ils sont quand même responsables de la création de Godzilla, à la suite des essais nucléaires de 1995, qui soulevèrent une vague d'indignations. Et puis les Amerloques ne sont pas mieux lotis, car si le gros lézard fait quelques dégâts sur New-York, et encore, il marche dans les rues, ce sont les militaires qui font le plus gros des dégâts en détruisant des immeubles entiers parce qu'ils ne savent pas viser Godzilla correctement ; dès qu'il sent les missiles arriver, il s'accroupit, et boum les bâtiments en ruines ; mais qui va rembourser les dégâts ?
Les effets spéciaux, avec pas mal de maquettes et de miniatures, tiennent encore très bien la route, mais les touches d'humour, souvenons-nous des petits Godzilla qui dérapent sur des billes de chewing-gum, ne marchent pas vraiment. Pour les cinéphiles, on croise deux sosies des critiques renommés Roger Ebert et Gene Siskel, le premier étant un candidat au poste de maire à New-York et le second son assistant, qui sont clairement montrés comme des gens stupides ; ça sent la revanche de Roland Emmerich à leur encontre.
Lors de sa sortie en 1998, le film devait être le blockbuster de l'année, renverser cet été-là, à en juger par le nombre incroyable de produits dérivés qui sont sortis, avec le label Emmerich, donc destruction porn à la clé, et bien... pas vraiment ! Ce ne sera qu'un demi-succès, où le projet des deux suites sera abandonné pour donner place à une série animée qui prendra le relais, à partir du dernier œuf restant...
Au final, que reste-il de ce Godzilla ? Plus grand chose au final, tout comme la carrière de Matthew Brodderick qui a l'air lui aussi ailleurs, mais dont la honte qu'il inspire au Japon donnera envie à la Toho de lancer de nouveaux films, jusqu'au formidable Shin Godzilla.