Eh bien, ça faisait longtemps (4 mois) que je n'avais pas parlé de Godzilla sur SC ! Alors aujourd'hui je m'attaque à un gros morceau que je garde depuis quelques temps, souvent considéré comme le pire film ayant été fait sur notre lézard préféré : Godzilla par Roland Emmerich, également appelé Godzilla 98.

Il s'agit plus ou moins d'un remake du film de 54, se déroulant cette fois-ci dans le New-York des années 90.

Trente ans après les tests nucléaires menés par la France en Polynésie, d'étranges phénomènes ont lieu en mer : des bateaux de pêche sont coulés et les traces d'une créature gigantesque interrogent des scientifiques, notamment Nick Tatopoulos, chercheur spécialiste dans le nucléaire. Le monstre émerge à New-York et s'avère être un lézard de cent mètres de haut qui saccage tout sur son passage et vient à la Grosse Pomme pour installer son nid.

La plupart des fans de la franchise sont souvent d'accord pour dire que les productions Godzilla venues des USA sont au mieux des divertissements bon-enfant, au pire des désastres, celle-ci en tête de liste puisqu'elle a été faite avec un énorme budget et a été un petit succès au box-office. Vous connaissez sûrement Roland Emmerich, célèbre aujourd'hui pour des blockbusters catastrophe à la qualité douteuse, mais qui dans les années 90 était un petit nom de la SF, puisqu'il est le créateur de l'univers de Stargate. Mais alors, sa relecture de Godzilla est-elle vraiment si catastrophique ? Pour être tout à fait honnête, je suis presque déçu de ne pas avoir vu pire.

Alors il faut savoir que la Toho, société propriétaire du monstre, n'a pas l'air d'aimer ce film, pour beaucoup de raisons, mais nous y reviendrons plus tard.

Pourtant, que ce soit l'oeuvre originale ou ce film-ci, ils puisent leurs racines dans le scénario catastrophe. Ici, Manathan doit être évacué, des bâtiments célèbres sont détruits (comme dans Independance Day) et il y a une mise en scène axée sur la suggestion. Pendant un bout de temps de début du film, le monstre n'apparaît jamais complètement, on voit sa queue, ses pattes (comme sur l'affiche dégueulasse), un peu sa gueule, mais il est rarement filmé en entier, toujours pris entre les immeubles ou creusant dans du béton. Pour le coup, je trouve cette idée de mise en scène plutôt bonne, et est annonciatrice du petit succès horrifique que sera Cloverfield dix ans plus tard. Avoir un monstre géant dans un décor serré et qu'il soit en même temps insaisissable a quelque chose de presque angoissant. Imaginez un labyrinthe dans lequel le minotaure fait la taille d'un immeuble. Déjà, ça file un peu la frousse.

Bon, ça reste la seule idée vraiment originale du film, puisque le reste me rappelle BEAUCOUP TROP un certain film avec des dinosaures...

Vous vous souvenez de la fin du Monde Perdu, quand la maman t-rex s'échappe dans San Diego ? Eh bien, Godzilla de Roland Emmerich, c'est à peu près ça pendant deux heures. Et j'exagère à peine mon propos : que ce soit l'étalonage, la musique, les décors, tout rappelle le film de Spielberg (plus ou moins ironique puisque de son Allemagne natale, Emmerich est surnommé "le petit Spielberg). Ils ont même repris l'idée des bébés dinos, c'est dire ! Après, ce n'est rien de grave, on est pas sur un plagiat horripilant non plus !

En plus, le réalisateur a pris pas mal de distances avec l'oeuvre originale, comme ce qui devrait se faire dans tout bon remake. Non seulement l'histoire est du point de vu américain, avec des enjeux politiques américains, mais aussi internationaux, avec les services secrets françouses qui envoie le bon vieux Jean Reno pour éviter de rappeler au monde que c'est un peu la faute au gouvernement de l'hexagone si un iguane mutant géant nucléaire a fait surface dans le Pacifique.

L'ambiance est aussi différente de ce qui se faisait auparavant dans l'univers de Godzilla. C'est à la fois plus "tout-public" avec des gags et des dialogues qui sortent de n'importe quel blockbuster de cette époque, mais aussi avec des personnages et des sous-intrigues qui n'ont rien à faire dans un film sur Godzilla, avec des amourettes, un besoin de progrès au travail et gnagnagna...Certes, la franchise est célèbre pour ses films basés sur des combats de monstres en plastique un peu ridicules, mais j'ai l'impression que cet opus est le premier a accentué les caractères personnages humains plutôt que de donner la vedette complète à la mascotte.

Et bien sûr, le gros changement, c'est le design du monstre.

Comme je disais plus haut, la Toho détèste ce film car elle n'aime pas du tout l'apparence de la bête et plein d'autres trucs (je vous invite à voir le wiki que j'ai mis en bas de critique, c'est assez drôle). En fait, le monstre de ce film s'appelle Zilla, et non pas Godzilla, car il s'agirait de deux spécimens différents. D'ailleurs, selon l'univers, les deux monstres existent simultanément, et s'affrontent même dans Godzilla Final Wars. Personnellement je le trouve aussi bien sympathique que vilain. Il a le mérite de ressembler à un vrai dinosaure théropode, mais il a l'air parfois trop rigide pour les actions qu'il effectue, tout en ayant l'air disproportionné. Mince ! Mais ce serait pour ça qu'il est plus suggéré que montré ? Pour masquer ses défauts ? Allons, allons, on ne juge pas.

Plus sérieusement, le film est loin de tenir sa réputation d'étron préhistorique. Mais il reste cependant assez mal rythmé, vite ennuyeux malgré toutes les scènes d'action, et je puisse comprendre que les gens soient vénères quand on passe d'un lézard humanoïde mythique à un iguane à gros menton qui n'a que pour but de se baffrer de poisson et pondre des oeufs.

Bref, c'est loin d'être le film le plus noble de la franchise, avec un propos antinucléaire médiocre, ses hélicoptères en 3D et des agents secrets français qui semblent être arrivés là via une faille du Multivers, ça reste un nanar plutôt sympathique à prendre au pied de la lettre comme un divertissement qui tente de garder son sérieux alors qu'il est assis sur un coussin péteur.

Cependant, il y a une chose que je trouve assez réussie, c'est la fin. Quelques instants de silence où les protagonistes regardent le monstre invincible lentement rendre l'âme sous la pluie, qui me rappellent les paroles de la chanson de Blue Öyster Cult :

History shows us again and again
How nature points out the folly of men

Le wiki de Zilla, voire section "Trivia" : https://monster.fandom.com/wiki/Zilla#:~:text=In%20Godzilla%20(1998)%2C%20Zilla,long%2C%20and%20weighs%2020%2C000%20tons.

Arthur-Dunwich
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le 14 août 2024

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