On a toujours quelque scrupule à dévaluer un film-culte, mais à le revoir quarante ans après sa sortie, force est de constater que le "Godzilla" de Inoshiro Honda n'est plus qu'une pauvre série B, franchement laide même.
Quoique le film soit une parabole sur la catastrophe nucléaire et le traumatisme vivace du Japon, Godzilla est devenu, esthétiquement et dramatiquement, un nanar imbuvable. Conçue vingt années après King Kong, la créature monstrueuse du film est pourtant infiniment plus rudimentaire que le mythique gorille de Cooper et Schoedzak. Utilisé parcimonieusement au coeur d'une intrigue très banale, le monstre est en premier lieu complètement inexpressif. Ensuite, les ravages causés par Godzilla, gros dinosaure réveillé de son sommeil préhistorique, s'inscrivent dans des scènes d'action et une réalisation malhabiles et procèdent d'effets spéciaux grossiers.
Les personnages humains n'ont, quant à eux, aucune envergure. La réflexion n'en a pas davantage. Godzilla alimente de superficielles considérations sur la responsabilité du scientifique, inventeur funeste dans le cas présent. A l'exception d'un ou deux plans, réalistes ou allégoriques, je n'ai guère éprouvé le malheur et l'épouvante du peuple japonais que le sujet évoque par le biais de la fiction fantastique.