Plus c'est gros, plus c'est bon !!!
Comme le réalisateur le précise lui-même, ce nouveau Godzilla devait obligatoirement avoir des origines japonaises. Le film s’ouvre donc là-bas en 1999. Bryan Cranston y incarne un scientifique qui travaille dans une centrale nucléaire et s’inquiète de mouvements sismiques et des conséquences sur son installation. En parallèle, un autre professeur incarné par Ken Watannabe découvre des ossements géants dans une grotte et la trace de ce qui pourrait être une créature de grande taille.Comme on pouvait s’y attendre, un incident se produit.
L’action bascule alors en 2014. Le fils de Bryan Cranston, militaire spécialisé dans les bombes et le déminage, part en Japon retrouver son père, obnubilé par ce qui s’est passé quinze ans plus tôt. La suite, on s’en doute, est l’apparition de la créature géante qui prend la mer en direction d’Hawaii puis du continent américain.
Godzilla nouvelle version ne brille pas par un scénario débordant d’originalité. L’action y est linéaire et les différentes péripéties s’enchainent un peu trop facilement pour Aaron Johnson, de manière à ce que son personnage puisse suivre Godzilla jusqu’en Californie. L’intérêt du film n’est donc pas spécialement là, il l’est dans le traitement apporté par Gareth Edwards aussi bien au monstre qu’à la narration de manière générale. Comme c’est souvent le cas, une histoire peut être simple, si elle est bien racontée, ce n’est pas un obstacle à la réussite.
A l’image de Monsters, mais dans une moindre mesure, le réalisateur choisit en effet de filmer Godzilla à hauteur d’humain. Il explique lui-même que chaque plan est imaginé comme s’il était mis en scène par une véritable équipe de tournage qui aurait pris le risque d’aller capter des images d’une créature détruisant des immeubles. De fait, Godzilla met du temps à envahir l’écran puisque la majorité du film tourne autour des humains et est tourné à leur hauteur. Certains passages sont résolument frustrants à l’image d’une scène de combat qui démarre mais, comme on suit alors Elisabeth Olsen se rendant dans un abri, on n’en aura qu’un aperçu jusqu’à ce que la porte se ferme. C’est d’autant plus frustrant que la dernière demi-heure est un monument de mise en scène, 30 minutes d’action intense qu’on aurait aimé voir se prolonger d’avantage.
Les images sont magnifiques et Gareth Edwards ne cache pas son influence. En voyant le film s’ouvrir sur un hélicoptère arrivant sur une île verdoyante à la manière de Jurassic Park, on comprend que le réalisateur aime profondément le cinéma de Steven Spielberg auquel il rend hommage tout du long, allant jusqu’à donner le nom de famille de Brody (comme le héros des Dents de la Mer) au personnage principal. La passion d’Edwards pour les monstres de Spielberg explose à l’écran à plusieurs niveaux. La crête dorsale hérissée de Godzilla (comme l’aileron des Dents de la mer) découpe les flots pour mieux laisser les spectateurs imaginer le reste. Le traitement des enfants dans l’histoire, la caractérisation des personnages ayant finalement peu de background mais se révélant éminemment sympathiques, jusqu’à des des thèmes entiers réutilisés (le père et le fils, unis face aux envahisseurs).
Mais Edwards n’oublie pas son héritage. Le réalisateur pioche allégrement dans l’univers mis en place pendant ces soixante dernières années, reprenant notamment les thèmes du nucléaire et de l’écologie toujours autant d’actualité pour réaliser un film se voulant aussi réaliste que possible. Il s’offre même le luxe de présenter son monstre le moins possible : Godzilla est une légende. Même si vous n’avez jamais vu les films d’Ishiro Honda et ses suites, même si vous avez échappé à la version américaine de 1998 et sa déclinaison en dessin animé, vous savez qui il est, vous en avez forcément entendu parler et vous savez de quoi il est capable. Alors vous n’avez pas besoin d’en savoir plus à l’avance, le reste sera montré à l’écran.
Sublimé par une musique ayant un impact des plus considérable (via la scène du saut en parachute au dessus de San Francisco, qui, dans une parfaite alchimie d’images et de couleurs crépusculaires et une montée en puissance musicale, amène une tension croissante sur la découverte du spectacle se cachant sous les nuages.) , ce Godzilla nouvelle génération n’est pas un blockbuster comme les autres. Grâce à son traitement profondément humain, sa mise en scène des plus stupéfiante, à l’hommage rendu aux maitres de chaque coté du Pacifique, il prouve que le Roi des Monstres a encore des choses à nous raconter, même 60 ans après sa création !!!