Pop Corn 5 étoiles sponsorisé dino
Godzilla. Le king kong japonais est de retour. Godzilla, c'est la revanche de la nature sur la technologie nucléaire, parfois la conséquence des essais, parfois autre chose. Bref, dans Godzilla, y'a de la bombe H. Dans Starwars, y'a des sabres laser. C'est comme ça. Difficile de vous faire un topo rapide ici, les seuls éléments scénaristiques un tant soi peu intéressants interviennent les 30 premières minutes du film. Je préfère vous laisser le plaisir de la découverte, d'autant qu'après, on retombe inévitablement dans les travers de toute bonne bouze hollywoodienne à grand succès qui se respecte.
"Ah ouais, mais t'as mis 8 et t'as recommandé ça, t'as vu ?"
Je distingue en général 2 écoles chez les cinéphiles. Ceux capables de prendre leur pied sur de la pure technique et les autres.
Gareth Edwards est très talentueux. Ce type est un esthète, un virtuose de la caméra, filant sur les pas d'un David Fincher ou d'un Steven Spielberg. Mais Gareth Edwards est jeune. Un seul film à son actif, "Monsters", tourné à un budget serré, clandestinement, en zone frontière américano-mexicaine. Un film qui n'est pas passé inaperçu, puisqu'une grosse maison a choisi de lui confier la réalisation d'un reboot à gros budget.
Qu'on soit clair : le réalisateur n'est, dans ce cas, qu'un technicien qui doit réaliser point par point un cahier des charges épais comme le Bled, et livrer la commande dans les temps. Toute écartement de la ligne de départ doit être justifié et approuvé, tout en tenant les délais.
Pour un type qui a du talent, c'est lourd. Fincher a renié son Alien 3. Pourtant, à l'heure actuelle, c'est la porte d'entrée obligatoire.
Là où Gareth Edwards est brillant, c'est qu'il va instiller sa patte dans chaque petit recoin de pellicule...
Te ton est ici résolument plus adulte. Point d'humour, de personnages décalés qui balancent des vannes alors que le monde est menacé. Conscient de la faible profondeur de son scénario et de ses personnages, Edwards choisit de les ignorer. Les individus lambdas se succèdent, on se s'attache pas à leur sort. Peu d'héroïsme gratuit, les phrases bidons imposées sont placées de telle façon qu'elles en deviennent anecdotiques (Ken Watanabe qui parle d'Hiroshima, ça vaut le coup d'oeil).
Agissant de la sorte, Edwards se sert des personnages pour flatter son seul et unique personnage du film : Godzilla (et ses ennemis). Sa puissance, sa grandeur, sa magnificence ne sont vues qu'à travers des points de vue humain. C'est un peu la Guerre des Mondes de Spielberg sans Tom Cruise et sa gamine pour nous agacer. (L'inspiration Spielberg-ienne apparait d'ailleurs dans quelques plans, je pense à celui du bus (Jurassic Park vous dites?)).
Concrètement donc, on apercevra un membre de monstre parce qu'une fusée l'éclaire ou parce qu'une bombe explose sur son flan. On le distinguera à travers une vitre, dans le reflet d'un rétroviseur ou d'une flaque d'eau. Le spectateur se trouve immergé : il assiste au combat, à la même place que les figurants. Chaque plan fourmille de détails. La photographie est absolument somptueuse de bout en bout. Un véritable régal.
On pourra certes lui reprocher les teintes sombres lors du final. On lui excusera, au nom de la crédibilité (un immeuble détruit, c'est beaucoup de poussière, alors 200 immeubles détruits, vous imaginez), et parce que son ouverture (l'assaut de la ville par les airs) est un des plus beaux plans qu'il m'ait été donné de voir sur grand écran.
Il ne ressort de Godzilla 2014 aucun message héroïque humano-américain. L'homme ne maîtrise pas la nature. Il est condamné à craindre sa puissance, à travers la fenêtre. Le Hero de Blockbuster n'y peut rien. Le Président des Etats-Unis non plus. Pas commun pour un BB.
Godzilla 2014 est-il un grand film ? Aucune idée et je m'en fous. J'adore Gareth Edwards, et j'en redemande, encore et encore.