Ca y est, j'ai trouvé le temps de voir le dernier film de Fincher. Le maître s'est essayé à beaucoup de genres (policier, thriller, historique, fantastique, huis clos, juridique, SF même s'il le renie...) avec une grande maîtrise. Rares sont les réalisateurs qui parviennent à maîtriser des genres divers au premier essai.

Gone Girl est étiqueté "Drame et thriller" sur SC... l'est-il vraiment?

Est-il un drame ? NON. Le propre du genre est d'amener un sentiment de tristesse, ou ne serait-ce que de l'empathie pour un ou plusieurs personnages. Cela suppose une identification. Ici, leur profil psychologique empêche quiconque de s'identifier.

Est-il un thriller ? NON. Si oui, il est franchement mauvais. Twist à la moitié du film à peine. Fincher maîtrise ce genre, il ne commet pas l'erreur.

C'est quoi alors Gone Girl ?

C'est au moins trois lectures.

La première est un thriller psychologique, nous plaçant dans la tête d'une personne sentimentalement instable, intelligente et perverse. On soulignera l'incroyable performance de Rosamund Pike. Il commence par un jeu de piste intéressant, où le spectateur perd ses repères. Il s'inquiète, car le film dure 2h20 tout de même, que le sujet a déjà été abordé 100 fois, et c'est jamais folichon. Puis vient le twist, inattendu à ce stade, une leçon de cinéma de 15 minutes où Fincher s'exprime, son savoir-faire, son sens de la narration à suspens et sa mise en scène chirurgicale. Un régal. Le film se poursuit alors, les personnages se dévoilent et tentent de se sortir du piège : l'un subit et tente de reprendre le dessus, l'autre tente de se dégager de sa propre folie.

La seconde est une description acerbe et pessimiste du mariage. Celui qui fait suite à une histoire d'amour passionnelle et intense, celle dont on rêve tous. Le déroulement du film est une métaphore, décrivant étape par étape les rêves perdus, les soupçons, les trahisons, la haine, et le fameux "cap" qu'il faut prendre pour s'en sortir, pour mieux se mentir. On y croit ou pas. Peu importe, mais l'ensemble sonne juste et force le respect.

La troisième est une condamnation du culte à l'image, des manipulations et orchestrations médiatiques. De nos jours, on joue tous un rôle. On se doit de jouer un rôle. Comment transmettre une image, comment la modeler, jouer sur les masses... Et surtout : à quoi ça mène ? Est ce que ça vaut vraiment le coup ?

Ce mélange des genres est un pur régal. C'est magistralement joué, magistralement filmé, superbement bien écrit et narré. Une bonne grosse baffe comme on n'en prend que trop rarement. On en sort groggy, et on se pense qu'à y retourner.

Fincher livre ici, sinon son meilleur film, au moins son film le plus abouti. Deuxième séance obligatoire !
SoiM
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le 16 oct. 2014

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SoiM

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