Lorsqu'il sortit Monster en 2010, Gareth Edwards devait être loin de s'imaginer être propulsé sur le devant de la scène comme il le fut. Réalisé avec peu de moyens – il portait également les casquettes de scénariste et de chef des effets spéciaux –, Monster eut un énorme impact sur le genre des films de monstre. Un impact tel que le réalisateur Anglais fut aussitôt propulsé au poste de metteur en scène pour le nouveau film de la licence Godzilla, en attendant de réaliser l'un des spin-off de la saga Star Wars prévu pour 2016. Un homme qui va donc être très occupé durant les prochaines années.
Coté cast, on retrouve : Aaron Taylor-Johnson (Tête d'affiche de Kick-Ass), Bryan Cranston (Breaking Bad), Elizabeth Olsen (La sorcière rouge dans le futurAvengers 2), Ken Watanabe (Vu dans Inception) ou encore Juliette Binoche pour un rôle aussi minuscule qu'inutile. Des acteurs tous aussi bon les uns que les autres ! Il n'y a donc aucune raison que le film soit mauvais ! Hein ? Bon...
Les histoires banales dans les films de monstre, on connaît. Celle de ce nouveau Godzilla n’échappe pas à la règle du scénario totalement plat uniquement là pour servir de prétexte à une apparition de gros monstres sortis du fond des âges par des moyens aussi ridicules que bizarres. Vu que nous sommes dans un Godzilla, tout commence avec une centrale nucléaire. Centrale qui va provoquer l'arrivée d'un gros monstre. Gros monstre qui va lui-même provoquer l'arrivée de Godzilla, qui va lui-même faire tout son possible pour casser la gueule à l'autre gros monstre.
Une intrigue trop classique pour séduire et beaucoup trop prévisible. On a réellement aucune difficulté à deviner comment tout ce bordel va se finir ainsi que la liste des personnages qui seront encore vivants à la fin.
Mais parlons d'abord des trois gros points forts du film. À commencer par sa mise en scène ! Car oui, la réalisation de ce Godzilla est à tomber tant elle est réussie. Certains plans, dont la chute en parachute, sont de toutes beautés. Mais ce qui m'a également beaucoup impressionné est la manière de filmer le monstre. Ce dernier est, une bonne partie du temps, filmé en contre plongé. Cela apporte une réelle impression de gigantisme et renforce notre impression de n'être, comparé à lui, que des simples petits insectes inoffensifs. Surtout que, et cela nous amène au second bon point, les monstres du film sont très bien fait. Je ne parle pas du design, je n'ai personnellement pas aimé celui de l'autre créature, mais vraiment des effets spéciaux.
Dernier bon point du film, ses musiques. Composé par Alexandre Desplat, à qui l'on doit également les bandes originales de Grand Budapest Hotel, Les Cinq Légendes ou encore Argo, les musiques de Godzilla collent parfaitement à ce qui se déroule sous nos yeux et accompagnent vraiment le spectateur tout au long du récit.
Malheureusement, tout cela n'a pas suffit à me faire sortir de l'ennui dans lequel le film m'a plongé. Car concrètement, il ne se passe pas grand-chose durant les deux heures que dure le film. Mais cela vient surtout du fait que Gareth Edwards ait trop voulu jouer sur la frustration du spectateur. Je m'explique !
Faire monter la tension, dans le cinéma de genre c'est tout à fait normal. Ne pas trop en montrer au début afin de provoquer l'envie du spectateur, puis finalement lui en balancer plein la tronche au moment opportun. Le problème c'est que Edwards a loupé le moment propice. Le fait que le réal refuse de nous montrer le premier affrontement entre Godzilla et l'autre créature est logique. Car en voyant ce qu'il reste de la ville, on se dit que le duel a du être redoutable. L'attente du second affrontement devient donc énorme. Le soucis, c'est que Edwards nous fait le coup plusieurs fois durant la totalité du film ! Du coup, lorsque l'on nous montre enfin un duel entre les deux monstres, ce n'est pas de la joie que l'on ressent, mais de la frustration ! Car on s'imagine ce qu'aurait donné le film si l'on avait assisté aux précédents affrontements. Voila comment, en jouant sur la frustration pour créer de l'envie, Gareth Edwards a finalement juste obtenu...de la frustration...
Au final, Godzilla est un film qui est complètement à côté de la plaque. Car en basant beaucoup trop son récit sur des personnages humains dont on se fout totalement du destin, Gareth Edwards oublie ce qu'il réalise. À la place d'un film de monstre, nous nous retrouvons devant un film catastrophe banal. Un film qui porte le titre Godzilla, alors que ce dernier n'est qu'un simple figurant. Certaines scènes sont bonnes, j'en conviens. Les acteurs sont bons, j'en conviens. Même si certains, comme Ken Watanabe, n'ont pas des rôles qui correspondent à leurs talents. Le film est tout de même de bien meilleur qualité que l'horrible Godzilla de 1998 réalisé par l'horrible Roland Emmerich, j'en conviens, même si cela n'a rien d'un exploit !