Rétrospective #20 : Godzilla Vs Mechagodzilla II (1993)

Et mince... Je croisais les doigts pour avoir un film de meilleure facture après les deux baisses de régime précédentes, malheureusement il faudra tabler sur trois.


Deux choses à retenir :
- Le film souffle le chaud et le froid
- La Toho n'a clairement (et déjà) plus rien à foutre de la crédibilité ou de la cohérence.


Je sais pas trop par quoi commencer, il y a à la fois pas grand chose à dire et beaucoup. Commençons par les humains tiens.


Ces derniers sont nombreux, vraiment très nombreux. Trop nombreux. Impossible d'en garder en tête sauf deux ou trois tant ils s'enchainent, sortent de nulle part, disparaissent sans crier gare et j'en passe. La plupart joue en plus relativement mal, et le "protagoniste" principal, en plus d'avoir le charisme d'une poule, en possède aussi la variété d'expressions faciales.
Je crois même qu'une poule jouerait mieux que lui. En fait je retire ce que j'ai dit : personne ne joue bien dans ce film.


Les dialogues sont ridicules, les échanges cringe au possible, et le tout souffre d'une construction scénaristique qui se bas les reins d'absolument tout, malgré l'apparent fil rouge scénaristique et les tentatives de création d'émotions çà et là (la scène de drague sur un planeur en forme de ptéranodon étant le sommet de tout cela, sans parler d'une scène suivante où des gamines chantent en gardant la bouche ouverte non stop parce que c'était trop dur de leur faire écouter le morceau au moins une fois).


Rien que le démarrage n'a aucun sens. On est obligé de t'inviter, à l'aide d'une voix off sur des images pétée, à bien aller te faire voir toi et ta recherche de cohérence, puis on envoie des types réaliser une mission qui n'a aucun but sauf celui de déclencher l'intrigue, et dès lors le film va tente de se surpasser, scène après scène, soit pour pour me consterner soit pour m'enrager.


Car ces humains sont empêtrés dans un univers qui n'a désormais plus aucune volonté d'être crédible.


Un bébé godzilla végé-putain-rien sort de nulle part, curieusement nous humains semblons déjà tout savoir de ce dernier, pis l'autre crushe à toujours hurler "BABY" me crispait à chacune de ses interventions.
Car si fort heureusement on n'a plus un bébé godzi au design répugnant, il n'en demeure pas spécialement joli et reste une sempiternelle opération pour apporter au film des points "kids friendly".


Viennent s'y greffer une école de gamines extrasensorielles qui ne servira que pour trois quatre scènes max. La franchise a toujours été baignée par cette dimension spirituelle qui est plus un prétexte pour faire genre fantastique qu'autre chose, mais ici c'est l'une des fois où ça marche le moins bien. Pour ce que je peux haïr des jumelles lilliputiennes et de leurs chansons, au moins ça s'inscrivait dans une logique valable (leurs rituels et leur lien avec Mothra), ici ce sont vraiment des éléments randoms qu'on te balance au pif pour te faire accepter un scénario complètement à la ramasse.


On sait donc ce qu'est un godzillasaure (le fameux bébé végé), mais puisque la Toho n'en a déjà plus rien à carrer de son reboot de 84, c'est officiel : on a bien repris là où s'était arrêtée l'ère Showa. Tous les monstres découverts, ils sont bien là. Alors ça explique certaines choses notamment la connaissance de ce bébé godzilla (encore que végétarien....), mais quel retcon franchement.


On est pas à plaindre avec nos propres franchises actuelles (genre Prometheus et Covenant qui zappent Alien 3 et 4), mais c'est d'un haut niveau ce non-respect de ses propres ambitions, Legendary Pictures ou la Warner peuvent se tenir tranquille (ou pas).


Non parce qu'ici ils reconnaissent Rodan sans bugger, juste celui-là était pas plus grand qu'un homme et s'est fait iradier la gueule en vivant sur une île à déchets nucléaires, le tout compris en deux lignes de dialogues, zéro recherches, zéro questions. À croire que le Japon en cache une toute les deux îles et que chaque ressortissant possède sa propre bible des monstres et son guide des 100 meilleurs lieux du Japon pour y trouver un monstre.


Godzilla est attiré par un bébé qu'il n'a à priori jamais vu, mais une fois qu'il se trouve le bec à 15m du bâtiment dans lequel le bébé se cache, l'autre abruti cogne l'immeuble pendant 30sec puis s'en va tel un putain de looser.


Godzilla tiens. Il est à moitié redevenu une blague dans ce film, se faisant laminer par Mechagodzilla qui n'a d'ailleurs droit qu'à une dizaine de minutes de présence pour finalement paralyser ce dernier et le pousser dans le plus grand des calmes. On t'explique ensuite que ça va prendre des semaines pour réparer le robot, mais deux nuits plus tard on te le ressort oklmzer, propre comme s'il sortait de chez le concessionnaire.


Rodan c'est pareil, il a pas tant de présence que ça, et si sa première apparition puis sa première baston sont teintés d'efforts sincères, à la fin on se demande comment les scénaristes ont pensé leur histoire.


En fait tout découle de ça : d'un film qui n'a strictement rien à foutre de ce qu'il raconte, au point même d'en avoir rien à foutre coté montage par exemple, avec des scènes qui se coupent sans prévenir, des shifts de ton ou de persos que même F&F Tokyo Drift ne pourrait pas assumer, et j'en passe.


Comme l'autre cruche extrasensorielle. Car oui y en a plusieurs, elle et le groupe de gamine (qui ne sera en fait là que pour "re-réveiller" Rodan). Comme la plupart des JB, les scénaristes de la franchise Godzilla ne savent écrire de rôles pour femmes qu'en deux catégories : les fausse-intellos et les tête-en-l'air, toutes deux toujours avec, soit une touche sexy, soit une espèce d'innocence quasi infantile alors que ce sont censées être des adultes (qui déjà dans un Shonen me paraissait chelou). Pas que les mecs aient droit à plus de subtilité cela dit. Mais dans l'ensemble, j'ai été habitué à beaucoup mieux que dans ce film. Pour revenir à cette cruche-ci, elle doit n'apparaître qu'une poignée de fois, mais sait déjà tout de Godzilla et à la fin d'un coup de pensée hop ! Godzilla n'a plus la haine et sans va avec un petiot qui n'est même pas le sien, mais osef c'est beau c'est mignon enchainez la p'tite musique mielleuse à base de vocaux et emballez c'est pesé. GREAT JOB DANNY.


Alors heureusement le film n'est pas entièrement dénué de qualités, pour tout dire c'est parce qu'il propose de très bons points que je suis à ce point chafouin.


Déjà visuellement, le film est loin d'être dégueu, il propose parmi les meilleures incrust de la franchise, les meilleurs costumes... quand ils sont vus de loin, quelques maquettes et miniatures qui n'ont pas à rougir (encore que les textures parfois vendent vraiment trop la mèche), et des costumes qui, s'ils paraissent moins aboutis sur certains aspects notamment au niveau des articulations, on voit un vrai level-up au niveau des détails et des textures. Godzilla se dote enfin d'une mâchoire fonctionnelle et ne se balade plus la bouche béante. Au niveau des expressions aussi y a eu de l'amélioration : grâce à des technologies empruntées aux animatronics, il fronce les sourcils, les relève, a l'air de souffrir quand il morfle et a l'air d'être énervé quand il s'énerve... La mâche bouge de façon un peu trop mécanique et ils abusent un peu trop sur le bouton pour l'activer, mais c'est plus convaincant. Je pense qu'à part les articulations et les épines dorsales, c'est le costume le plus convaincant de la franchise pour le moment. Rodan c'est pareil, bien plus convaincant qu'à l'époque, et s'ils ont ENCORE doté d'un bruit de supersonique parce que osef, il est animé de façon plus crédible également, rendant le monstre plus intéressant à mes yeux qu'avant.


Là où le bat blesse, c'est Mechagodzilla. Ils l'iconisent beaucoup, et si quand il est bêtement calé dans son hangar ça fonctionne plutôt bien, quand ils lui font tirer des lasers et la pose tous droit sortis de Power Rangers, là j'embarque clairement plus du tout. Parce que c'est un robot, les artifices du costume fonctionnent à un degré bien moindre comparés à ceux de monstres classiques. La "peau" d'un monstre quand elle est loupée fait caoutchouc, mais la surface métallique loupée elle, fait penser à pire : du carton. Résultat IMPOSSIBLE de pleinement y croire.


Coté destruction ça fait le taff. Je retiens davantage de plans avec incrustations de bonne facture que de scènes de destructions marquantes.


Aussi on te ressort un chasseur du futur, qui, compacté sur le dos de Mechagodzilla, finit de transformer ce film en farce pour enfants fan de Power Rangers. Et si j'ai passé le film entier à essayer de trouver des excuses pour expliquer une telle volonté, force est de constater que c'est juste car ils n'en avaient rien à foutre, une fois encore.


Tout ce qui compose ce film possède au moins une bonne idée qui aura été tordue, pliée, déchirée, avalée, mâchouillée, recrachée, puis recollée avec un bout de chewing-gum, tout ça excusé car destiné aux enfants, ce qui est insultant autant pour la franchise que pour les enfants.


Une fois encore ce film est loin d'être méga catastrophique, mais alors que les pires films de l'ère Showa m'arrachaient des rires au pire nerveux, ici c'est plus facilement la fatigue qui s'empare de moi, la résilience, celle-là même que j'avais été si ravis de quitter après avoir vu le soft reboot de 84, même si de rares fulgurances ont su extraire un rire ou deux de mon corps, ici et là.


Sauf qu'en matant un Godzilla c'est pas ce que je veux : où bien je prends mon pieds devant la dimension quasi lovecraftienne de ces monstres, ou bien je me tape la plus grosse barre de ma vie face à une film qui sera toujours parfait avec, au mieux un bon gros joint, au "pire" une truffe hilarante. Mais l'entre-deux comme le proposent les derniers films, clairement non merci.

Chernobill
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le 13 avr. 2021

Critique lue 102 fois

Chernobill

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