Michael Dougherty avait indiqué que Godzilla 2 serait le "Aliens du premier film" réalisé par Gareth Edwards. Une analogie assez juste (même si on est plus proche de Spielberg que de Ridley Scott). On se souvient que le film sorti en 2014 avait divisé pour certains partis pris, notamment la décision de suggérer plus que de montrer le lézard géant. À mes yeux, une vraie proposition renforçant l'aura du mythe et permettant de remettre l'humain à sa place dans une histoire mêlant nucléaire, environnement et combat de divinités. La suite, baptisée King of Monsters, a pris acte des doléances d'une partie des spectateurs : des monstres, il y en aura en masse! Car cette fois, il s'agit d'une bataille entre titans pour établir le roi. Un combat durant lequel l'humanité entend bien jouer un autre rôle que celui de simple spectatrice. Et tous n'auront pas la même interprétation de ce qu'il convient de faire.
Une belle idée qui prend ici la forme d'une cellule familiale brisée, dont les motivations dans cette guerre de monstres diffèrent d'un membre à l'autre. Une belle idée qui permet de creuser la dimension écologique mise en avant dans le premier opus. Une belle idée...qui est malheureusement sabordée.
On s'était plaint des personnages trop académiques du premier (qui se débarrassait du seul protagoniste intéressant au bout d'une heure). Cette juste critique mise à part, on ne peut pas nier la cohérence dans leur comportement. Là où cette suite les ensevelit sous une avalanche de décisions absurdes, les faisant parfois dire une chose et son inverse en quelques minutes. Chose d'autant plus frustrante que le script laissait entrevoir une belle histoire à échelle humaine, entre deuil, chagrin et acceptation. Mais l'intrigue les trimballe à tellement d'endroits et si vite que ça en devient presque risible (la gestion du temps et de l'espace est digne d'un Roland Emmerich). La réflexion écologique est cette-fois ci assénée à coups de ma(ou)sse. Et les clichés du film catastrophe sont appuyés comme il faut (pas) : compte à rebours à foison, survie des personnages en dépit du bon sens, ...L'intrigue et les personnages du premier tournaient en rond? Ici, ils sont carrément passés à la lessiveuse! Si le film évite de peu la série Z, c'est grâce à sa générosité dans le spectacle.
Visuellement, c'est clairement une pépite. Les bandes-annonces ne mentaient pas : le film traite ses monstres avec respect. Ils ont tous droit à une galerie d'images iconiques, et une poignée de séquences aussi belles que destructrices. Évidemment, Godzilla trône toujours mais le match fut disputé, avec un Ghidorah démoniaque et une Mothra qui ne manque pas d'éclat (seul Rhodan est un peu en retrait). Mais il est quand même regrettable qu'ils soient les seuls vecteurs d'émotions ici. Il y avait matière à faire de ce King of the Monsters un géant. Malheureusement, et malgré ses grandes qualités plastiques, les choix scénaristiques le rabaissent à la position du divertissement réglementaire sans relief.