Autant j'ai débranché la prise du Monsterverse américain depuis le navet "Godzilla: King of the Monsters" en 2019. Autant j'attends au tournant les Godzilla de la Toho depuis la très bonne surprise "Shin Godzilla" en 2016. Ca tombe bien, la Toho a décidé de nous gâter à nouveau en 2023 avec ce "Godzilla: Minus One" !
Du moins pour ceux qui ont pu le voir... Le film ayant été distribué sporadiquement en Occident, en particulier en France avec 2 maigres jours d'exploitation en salles (!). Heureusement pour moi, j'habite ailleurs, j'ai pu le découvrir au cinéma... et ce fut un vrai plaisir !
Le film se démarque beaucoup de "Shin Godzilla", qui était pratiquement une fable politique et une relecture de la catastrophe de Fukushima. Ici, on est en 1947, dans un Japon meurtri qui tente de se reconstruire. Devant l'attaque de Godzilla, on ne peut pas compter sur les USA, embourbés dans la Guerre Froide. Ni sur le gouvernement japonais, à la ramasse.
"Godzilla: Minus One" se veut à taille humaine, ce sont les citoyens qui feront le boulot ! Avec des réflexions sur l'honneur ou le sacrifice. Dont ce héros, un kamikaze ayant failli à sa tache par lâcheté durant la guerre. Ou d'autres qui veulent avant tout retrouver leur famille, et ne pas mourir inutilement après avoir réchappé à l'enfer de la guerre. Bref, c'est très humains, avec de vrais personnages.
Mais n'oublions pas qu'il s'agit aussi et surtout d'un film de kaiju. Et là-dessus, Takashi Yamakazi a mis le paquet, malgré un budget qui parait dérisoire. Moins de 15 millions de dollars ! Soit 20 fois moins que les gros blockbusters US de 2023. 6 fois moins que le miteux "Expendables 4". Et 2 fois moins que la dernière comédie anecdotique de Danny Boon...
Je ne vais pas mentir, il y a quelques effets très numériques qui tachent, notamment l'eau autour des bateaux. Mais c'est du pinaillage, car sinon, ça claque ! Le film n'est pas avare en spectacle, Godzilla a au moins 3 scènes spectaculaires et immersives, dont une particulièrement bien découpée et terriblement efficace . Sans parler du souffle atomique, qui ici est aussi terrifiant que visuellement bien pensé.
J'ai également beaucoup aimé le design et l'animation numérique de la créature. On sent l'hommage à l'époque des costumes, avec son expression figée et sa queue qui semble par moment suspendue par un fil. Ca aurait pu être ridicule, mais c'est vraiment réussi, effrayant même pas moment (notamment cette séquence en forme de clin d'oeil à "Jaws").
Et en plus la musique est très belle, entre nouvelles compositions et reprise du thème de 1954.
Je ne reprocherai au film que quelques maladresse scénaristiques. Telle que l'introduction un peu rapide, ou le rebondissement final un peu rocambolesque. Ce qui l'empêche de vraiment s'élever au-dessus de "Shin Godzilla", mais en aucun cas de bouder son plaisir.
Comme quoi, après 70 ans de carrière cinématographique, le monstre de la Toho en a encore sous le capot... et les Japonais n'ont pas perdu la main !