La production du film s'est passé comme suit :
Le département FX a fait tourner un planisphère sur lequel le département scénario a jeté des fléchettes. Quand une fléchette arrivait sur une ville trop petite ou sans monument à tout casser, ils cherchaient la métropole la plus proche du point d'impact (sauf pour feu la petite ville de Montagnac dans l'Hérault, détruite par Godzilla au début du film pour une histoire de centrale nucléaire).
Pendant ce temps là, le département Concept Art a fait quelques parties de cartes Magic.
Une fois les créatures et les villes trouvées, ils ont mis le tout dans un gros shaker à CGI, puis ont appelé quelques acteurs pour faire les commentaires.
Pour résumer :
Gros singe s'ennuie et fabrique des pièges dans la terre creuse, gros lézard se murge aux radiations et tue gros crabe et autres monstres niveau 9. Les pièges de gros singe révèlent un monde creux dans la terre creuse, un autre gros singe avec un autre gros lézard en sortent pour tout casser. Pendant ce temps là, des humains d'en haut vont en bas chercher où est la teuf psy-trance. Gros singe perd contre gros singe et gros lézard, on lui met un gros gant, il amène gros lézard d'en haut, puis tous les gros singes se battent avec les gros lézard, et à la fin il reste plus rien de Rio de Janeiro (ni du Caire, ni de Rome, ni de l'Hérault).
Il est possible (mais peu probable) que le film assume pleinement son caractère Série B sur-produit. On retrouve tout ce qui a fait le sel de productions moyen à gros budgets ... Des années 90-2000. Un side-kick noir, un bogoss blond, un machin-chouette antique d'avant l’Atlantide (avec des mécanismes à pousser/tirer/tourner intactes), des autochtones/gardiens millénaires, un.e élu.e, mais aussi le fait que l'échelle des créatures change régulièrement selon les nécessités des plans, et que tout soit désamorcé en permanence par un humour un poil poussif.
Fait troublant qui semble sonner le glas de la série, les titans majeurs sont au nombre impressionnant de 8 pour un seul film (les humains sont au nombre de 4 soit dit en passant), un peu comme si Legendary mettait le paquet en craignant de voir sa franchise péricliter.
Et elle périclite réellement. Comparé à ce dernier opus, le Godzilla de 2014 a des airs de film d'auteur. Exit les recherches de mises en scènes et de narrations visant à impliquer émotionnellement le.a spectateur.ice dans le carnage provoqué par les affrontements. Ici, la focale est mise sur la relation mère/fille des deux personnages principaux, au travers de timides plans maladroits (la gamine agite vaguement des foulards avec des autochtones en guise de jeu, commentaire de la mère : elle a l'air bien ici !).
D'ailleurs, la focale est littéralement sur les personnages : une espèce de flou radial inonde l'écran dès qu'il est question de filmer des humains. On a l'impression de regarder la moitié du film dans un fish-eye.