Petit au pied de l'écran, visiblement affecté par le jet-lag des voyages à répétitions, presque un peu rabougri : c'est comme ça qu'est apparu le réalisateur Pascal Plisson au beau milieu de mon école à 10h du matin pour présenter son film. J'étais tellement fatigué que j'hésitais presque à m'endormir pendant la séance.
Pile au moment où je commençais à fermer les yeux, j'entendis une voix. La voix d'un réalisateur totalement passionné, happé par son sujet qu'il est allé chercher jusqu'au Kenya, animé par une cause qui lui semblait juste.
Ému avant même que la séance ne commence, je plongeais dans ce documentaire dont je ne connaissais que le résumé :
"Une femme de 90 ans au Kenya va à l'école."
Tout d'abord, la première chose que l'on constate est la beauté du documentaire. Le réalisateur nous a bien souligné (après le visionnage) son intention de vouloir faire du "documentaire cinéma", et ça se voit. Tout est pro sans trop d'artifices : les images, lumières, sons et le montage sont léchés sans avoir l'air trop artificiels. C'est un vrai parti pris - en effet, il aurait pu choisir de faire un "documentaire authentique" et de tout filmer avec une GoPro par exemple - qui rend le documentaire non seulement agréable à regarder mais accessible, et embellit Gogo.
Et oui, Gogo. Ce personnage rayonnant, charismatique, le rêve de tout réalisateur de documentaire ! La qualité technique du commentaire permet non seulement de la magnifier, mais de magnifier son message. Lorsqu'on la voit ouvrir un nouveau dortoir, elle ne fait pas qu'ouvrir un dortoir, on sent qu'elle ouvre une porte vers l'éducation et l'espoir - une porte concrète, accessible car elle y a mis toute sa force et sa conviction.
On ne parle que de Gogo (à raison), mais j'en profite pour parler d'un autre personnage qui m'a tout autant ému : Diane, son amie qui finira elle aussi par aller à l'école. Diane représente toutes ces personnes ayant des rêves qu'ils n'osent pas réaliser, mais qui inspirés par des histoires comme celle de Gogo, finissent par y arriver, et avec le sourire.
Ce documentaire est bien plus que l'histoire d'une vieille dame qui va à l'école. Ce documentaire est un espoir pour ceux que la vie a trop affecté, pour ceux qui voudraient faire des choses mais se trouvent trop vieux, trop faibles, trop pauvres. Pour tout vous dire, des membres de ma famille sont analphabètes, notamment ma grand-mère qui pense qu'il est trop tard pour elle pour apprendre, pour s'amuser à l'école.
Et après avoir vu Gogo, j'ai envie de lui dire qu'elle a tort. Il n'y a pas d'âge pour être plus intelligent, pour être heureux. Et comme dis Gogo :
"Avec cet uniforme, j'ai plus d'allure que les filles du village."